C’est parmi rien de moins de 20 000 participants que la Luxembourgeoise Marianne Majerus vient de remporter le concours international et le titre de International Garden Photographer of the Year 2010. Cette compétition, qui en est à sa troisième édition, est organisée par les membres de la Garden Photographers’ Association en Grande-Bretagne. C’est avec une photographie d’un jardin privé au Luxembourg, prise en septembre dernier, qu’elle se voit attribuer ce prix prestigieux doté de 5 000 livres. On y voit un jeu subtil de lumières et de couleurs où le soleil de l’aube semble enflammer des graminées qui contrastent avec la solidité d’un arbre (à voir sur www.igopty.com). Cette photographie, comme beaucoup d’autres de Marianne Majerus, capte un instant, une fraction de seconde où la nature exprime sa richesse et ses contrastes. Et c’est précisément ce que la photographe recherche dans son travail.
On a d’ailleurs affaire à une vocation précoce puisque c’est à neuf ans que la petite Marianne reçoit un appareil photo. Elle se sou-vient d’une institutrice eschoise qui l’a particulièrement encouragée à photographier son entourage. Parallèlement, son père est proche de la nature et des jardins et lui transmet cette passion. C’est donc avec cette double prédispo-sition qu’elle grandit sans pour autant envisager d’en faire un métier. Passionnée de littérature, c’est vers cette voie qu’elle va étudier en Grande-Bretagne, puis enchaîne sur les sciences économiques pour s’assurer d’un bagage solide. Mais la passion de la photographie lui est chevillée au corps et elle poursuit ses reportages, notamment sur les paysages anglais. Elle s’intéresse à la nature comme aux personnes qui l’entourent, à la manière d’un Tony Ray Jones.
C’est comme cela qu’un éditeur local lui propose de réaliser un livre sur l’Essex, tant dans l’arrière-pays campagnard que sur la côte populaire. Ce premier contrat lui fait réaliser que sa passion peut devenir un métier et elle n’arrêtera plus de photographier. Pour ne pas quitter la littérature, elle s’intéresse aux paysages historiques, recherche les traces des Plantagenêts et autres monarques anciens. En 1986, on lui commande une série d’images pour célébrer le 900e anniversaire du Doomsday Book, cet inventaire réalisé par Guillaume le Conquérant.
Marianne Majerus contribue à l’époque à de nombreux magazines et journaux et c’est au hasard d’un travail pour une série de mode qu’elle doit travailler dans un jardin. Ces anciennes amours l’appellent, elle se concentrera de plus en plus sur les jardins et les plantes pour ne plus les quitter. « Photographier la nature, c’est un mode de vie, explique-t-elle, cela permet d’être dehors à des heures où personne ne la regarde : très tôt ou très tard. » Et c’est ce regard qui peu à peu va forger non seulement sa sensibilité, mais aussi sa notoriété. « Plus on regarde, plus on voit », nous dit celle qui est désormais à la tête d’une banque d’images de 160 000 photographies de jardins, fleurs, plantes et autres sujets proches.
Parcourant l’Europe entière, Marianne Majerus est devenue un pilier de la communauté des jardiniers qu’elle connaît comme des amis et qui tiennent à lui montrer leurs dernières réalisations. Elle est sensible à beaucoup de styles différents et aime mettre en évidence la tension entre le formalisme d’un jardin construit, travaillé et la sauvage qui ne se laisse pas dompter. « Un beau jardin est celui qui reflète la personnalité du jardinier. » Aussi, sa préférence va au Hermannshof de Weinheim, au Vann gardens dans le Surrey ou aux jardins de la Rousham House près d’Oxford, qu’elle a photographié en toutes saisons.
Membre de la Royal Horticultural Society (RHS), elle a aussi publié de nombreux des livres sur les jardins de Venise ou de Londres, sur les roses ou sur les arbustes, ou même sur le design et la rénovation. Le prochain ouvrage à paraître sera un retour aux sources puisque les jardins du Luxembourg y seront à l’honneur (parution prévue au printemps 2011).