Anders als etwa Kathedralen oder Naturpanoramen, für die sie auch mehr als einen Blick brauchte, um sie ganz zu erfassen, versetzte das Gangrän sie weder in Staunen noch in Ehrfurcht. Stattdessen spürte sie ein tiefes Entsetzen. Das, was vor ihr war, durfte einfach nicht sein. Nicht nur wegen des blauen Glühens und der schieren Grösse…
Nous sommes dans les toutes dernières pages du roman de Maxime Weber, lauréat du prix Arts et lettres de l’Institut grand-ducal qui lui a été remis la semaine passée. Dans les derniers moments où Jeanne, le personnage principal du roman, cherche à échapper au déferlement bleu et fatal, au déploiement inarrêtable dont elle a eu connaissance une première fois dans son voyage de Paris à Luxembourg. Mais le danger, alors, était bien lointain, le mal avait commencé à se déverser sur la ville indienne de Varanasi, autrement Bénarès, ville vouée par essence à la mort.
Au long des pages de Das Gangrän (Kremart éditions), plus rien ne l’empêchera de progresser, le voici, Pardange war zu einer Insel inmitten eines faulenden Ozean geworden, submergeant le village de l’est du pays où la jeune femme a cherché refuge auprès de sa famille. Et Maxime Weber de nous confronter aux destins personnels qui changent, à la désorganisation d’une société bouleversée. Où se révèlent, se découvrent égoïsme tout aussi bien que générosité et humanité. Il en va ainsi dans les heures où l’existence d’un coup est en jeu.
Maxime Weber avait conçu son roman avant la pandémie dont l’OMS vient de lever l’alerte maximale. Sa fiction a été rejointe par la réalité. Une réalité qui pourrait néanmoins s’avérer très sombre dans l’avenir. Il est des catastrophes naturelles, tels les tremblements de terre, disons indépendantes de l’homme. De moins en moins, nous pensons que l’homme n’est pour rien dans d’autres changements, prévisibles, tout aussi radicaux, dans son environnement. Et il ne servira à rien de faire des processions pour la pluie dans le sud de l’Espagne menacé de désertification. Avec en plus El Niño dont l’Organisation météorologique mondiale dit que le phénomène climatique sera vite de retour.
Il y a pire, et ce pire est entièrement dû à l’homme. Autre déferlement bleu, dans les élections autrichiennes par exemple, où cette couleur céleste est accaparée par l’extrême-droite. Ailleurs, les partis de pareille mouvance aiment à afficher les couleurs du drapeau de leur pays, regardez du côté des Le Pen et Meloni, voyons du côté hongrois ; impossible en Autriche avec la couleur rouge.
On ne va pas fouiller dans les poubelles de l’Histoire, énumérer les régimes autoritaires, carrément fascistes, au pouvoir après des élections « démocratiques ». On peut toutefois s’étonner de l’obstination des Autrichien(ne)s, notamment après les désastreuses expériences des Haider et Strache. Et avoir peur aujourd’hui avec les succès répétés, en Basse-Autriche, dans le pays de Salzbourg, du parti de Herbert Kickl. Avec l’empressement de l’ÖVP de s’assurer le pouvoir dans des alliances plus que douteuses. Mais on sait que la gangrène est liée à une circulation sanguine déficiente dans le corps, en l’occurrence social.
De quoi alarmer tels intellectuels, les faire réagir. L’écrivain et publiciste Karl-Markus Gauss fait part de sa déception, de son incompréhension ; la jeune romancière Helena Adler, parangon d’un Anti-Heimat-Roman avec Die Infantin trägt den Scheitel links et Fretten, trouve même des accents bernhardiens, jelinekiens, pour dire son dégoût :
Vor unseren geängstigten Augen: Blauschimmel überzieht die mit allen Weihwassern gewaschene Barockstadt, eine feuchte Versuchung all die modrigen Kirchenritzen, man verführt sich gegenseitig und verflucht sich anstandshalber. Bald aber stellt man den nächsten Maibaum auf und verlischt sich mit Blauem Blut. Gotteslob und Heimatland!...