Le solaire et le photovoltaïque avancent à pas de géant. Leur part dans la production d’électricité a augmenté de 19 pour cent dans le monde l’an dernier pour s’établir à 12 pour cent, selon une étude d’Ember, un think tank britannique voué à la transition vers l’électricité propre. Au point de susciter chez Malgorzata Wiatros-Motyka, l’autrice de l’étude, l’espoir que la part des énergies fossiles pourrait, enfin, commencer à baisser cette année.
À 436 grammes de CO2 émis pour chaque kWh produit sur la planète, l’électricité a été globalement plus propre que jamais en 2022, se réjouit Ember. Autre motif de satisfaction : malgré les bouleversements suscités sur les marchés de l’énergie par l’invasion de l’Ukraine et une croissance de 2,6 pour cent du volume global produit, l’an dernier n’a pas donné lieu, contrairement aux craintes, à un rebond significatif de la part du charbon : sa part n’a augmenté que de 1,1 point. La part du méthane a baissé de 0,2 pour cent, en réponse surtout aux prix élevés qui ont prédominé l’an dernier. Reste que les émissions liées à la production d’électricité ont augmenté de 1,3 pour cent, pour atteindre un niveau record.
Même en admettant que le monde abandonne enfin son obsession de la croissance et se mette sur les rails de la sobriété, il semble établi que la production d’électricité devra rester à un niveau élevé au cours des prochaines années. Cela commence par le fait qu’une personne sur dix dans le monde n’a pas encore accès à l’électricité, surtout dans des pays d’Afrique sub-saharienne et d’Asie : la généralisation de l’éolien et du photovoltaïque, aux prix de plus en plus compétitifs, leur offre la promesse de sauter purement et simplement « l’étape » des énergies fossiles. À noter dans ce contexte que le nucléaire et l’hydroélectricité ont tous deux cédé du terrain en 2022, le premier (-5%) à cause des problèmes techniques majeurs rencontrés par les centrales françaises et de la fermeture d’unités allemandes et belges, le second en raison d’une production limitée, dans plusieurs pays, du fait de sécheresses.
Ensuite, ce n’est pas que le transport routier qu’il s’agit en outre de décarboner, mais aussi les activités industrielles et l’habitat (chauffage et climatisation), ce qui se fera en grande partie par le biais de l’électrification : autant de chantiers qui vont générer une demande additionnelle d’électricité.
Il existe néanmoins une trajectoire qui décarbonerait entièrement le secteur de la production d’électricité à l’horizon 2040 et mettrait celui-ci en phase avec les objectifs climatiques, résume Ember. C’est d’ailleurs une condition sine qua non pour atteindre celui d’une neutralité carbone générale d’ici 2050.
Une trajectoire plausible, certes, mais qui suppose que le monde embrasse avec bien plus de ferveur le photovoltaïque et l’éolien. Une trajectoire dont il faut aussi reconnaître qu’elle est incompatible tant avec les obstacles démagogiques lancés dans les roues de ces technologies qu’avec les hallucinations entretenues à grand renfort de lobbying industriel quant aux potentiels salvateurs à grande échelle de l’hydrogène ou du nucléaire.