Elle se déplace en trottinette dans les rues de Bonnevoie, cheveux au vent, sourire aux lèvres. Ce qui la rend heureuse ? La nature, le grand air. Pourtant, webdesigner de formation, c’est devant son écran qu’elle passe ses journées. Seul indice de sa passion cachée : deux petits bouquets d’herbes folles posés à côté de son clavier.
« Un peu comme tout le monde, je me suis intéressée au jardinage, puis davantage aux herbes utilisées en cuisine, jusqu’à découvrir que certaines d’entre elles pouvaient être réellement bénéfiques pour la santé », explique Anja Thielen, une tasse d’infusion aux plantes entre les mains. Petit à petit, au quotidien, ses herbes prennent doucement le pas sur les remèdes de guérison classiques. Une peau un peu trop sèche, une migraine qui ne passe pas, des douleurs à l’estomac... Anja pioche des astuces sur le web et dans des livres d’herboristerie, mais cela ne lui suffit bientôt plus. « Il ne faut pas utiliser les plantes sans les connaître un minimum sous peine d’avoir parfois de mauvaises surprises. » Il est donc temps pour cette herboriste en herbes d’approfondir ses connaissances.
Coup de chance, Anja tombe sur une promenade pédagogique proposée par une spécialiste de la question. La balade porte doublement ses fruits puisque l’organisatrice, qui deviendra par la suite sa professeure, lui apprend qu’une formation spécialisée dans la connaissance des plantes aromatiques et médicinales existe en Sarre. « Je me suis immédiatement inscrite mais à la rentrée, il n’y avait pas assez de participants pour que les cours soient maintenus. J’ai alors pris les choses en main, réalisé des flyers promotionnels histoire de faire un peu de publicité et ça a marché, les gens sont venus ! ».
Plus motivée que jamais, Anja s’embarque pour une année d’apprentissage, réparti sur douze week-ends. « J’ai appris à identifier les plantes selon des critères bien précis, mais aussi à connaître leurs bienfaits. Et puis j’ai révisé la biologie, notamment la photosynthèse, toutes ces choses que je n’avais pas trop comprises à l’école, mais qui aujourd’hui se connectent entre elles de façon très logiques, un peu comme dans un network ». Présentes jusque dans son vocabulaire, ses connaissances en web et en graphisme finissent par rejoindre sa nouvelle passion. « Mon job a été un vrai plus. Il m’a aidé à mettre sur pieds un concept précis et une structure marketing efficace dans le cadre de ma formation ».
Car l’année passée, arrivée au bout de ses week-ends d’apprentissage, Anja est promue Kräuterpädagogin. Anja, ou plutôt Tilly, car c’est de ce surnom – tout droit sorti de son enfance – dont il faut user quand on évoque son activité extra-professionnelle. Son rôle désormais ? Organiser des ateliers de son choix, destinés à faire découvrir les secrets des plantes au grand public. « J’en suis à mes débuts, je viens de terminer mon site, peaufine encore mon blog et propose à mon tour des promenades pédagogiques que je teste en amont auprès d’amis et de collègues ». Dans la capitale en tout cas, Tilly a déjà réussi à se faire connaître en proposant en avril dernier un green smoothie à base d’herbes, « bourré de vitamines C, de minéraux et de calcium », au Smoojo, un bar à jus de Luxembourg-Ville. Ses plantes sous le bras, tantôt soigneusement cueillies dans son jardin cent pour cent écolo, tantôt dénichées au cœur des forêts luxembourgeoises, Tilly est allé proposer sa recette au propriétaire des lieux. « On a un peu retravaillé le smoothie ensemble, puis il a été vendu aux clients le temps d’un après-midi. Je préparais la boisson pendant que les clients me posaient des questions sur les vertues des ingrédients utilisés. C’était super de pouvoir discuter avec eux et de les voir si intéressés ».
Une autre fois encore, c’est derrière le stand d’un marché, organisé par une maison de la nature en Allemagne, que Tilly a pu présenter les bienfaits d’un panel de plantes à un public qu’on imagine bien bercé par les explications de cette blondinette pleine de douceur. « Les orties, même si elles piquent, luttent contre les douleurs articulaires et les maux de ventre, la sauge quant à elle soulage les gorges irritées tandis que les marguerites purifient le sang... Attention toutefois, je ne suis pas docteur, je ne donne que des conseils », préfère-t-elle préciser. Le reste du temps, quand elle ne flâne pas dans son jardin bordé par la Moselle, à observer la biodiversité s’épanouir en toute liberté, Tilly confectionne son pesto maison et ses propres baumes à lèvre bio. Des produits toujours à base de plantes qui prouvent que parfois, l’herbe peut être bien plus verte ailleurs que dans les rayons de nos magasins.