Adeptes de la malbouffe, passez votre chemin. Chez Julie, le menu est sain. Sain mais gourmand. Pour preuve, les alléchants muffins exposés sous cloche sur le comptoir. « Faits maison ! », s’exclame la patronne des lieux en sortant de la cuisine. Le teint rosé et l’œil pétillant, Julie a du chien. Un an déjà qu’elle et son restaurant se sont installés à Bonnevoie. Un peu sur un coup de tête, mais pas tant que ça. Cette ancienne de Sales Lentz, diplômée d’une école de commerce et spécialisée dans le tourisme, a bourlingué cinq ans avant de trouver sa voie. De bureau en bureau, toujours derrière un écran, mais sans grand changement. « Je crois que j’aimais mon travail, mais il ne me passionnait pas », dit-elle aujourd’hui.
Peu enthousiasmée par l’idée de revenir sur les bancs de la fac, Julie réfléchit à une éventuelle reconversion. Adepte des petites enseignes gastro-cool à la française, où une déco désuète laisse place à des assiettes pleines de cœur, la mosellane a une idée. Pourquoi pas la cuisine ? « J’ai toujours aimé travailler les aliments, les légumes surtout. Voir son frigo rempli et imaginer différentes recettes, j’adore ». Et puis la cuisine c’est un peu une affaire de famille. Une grand-mère spécialiste du sucré, une autre parfaite côté salé et une maman dans la lignée, Julie n’aurait pu mieux trouver. Son concept ? Allier le bon au bio. Normal pour une fille d’agriculteur. « C’est ma façon de vivre, ma façon de manger et c’est meilleur pour la santé », formule-t-elle comme une évidence. Ni une ni deux, convaincue que son affaire fera son bonheur et soutenue par sa famille, Julie s’en va prendre quelques cours de base à Nantes, chez Gilles Daveau, spécialiste en recettes bio. Une source d’inspiration et un apprentissage express pour la future cuisinière désormais en quête de locaux.
Un coup de chance et un coup de cœur plus tard, Julie déniche la perle rare à deux pas de la gare de Luxembourg, chine une vingtaine de chaises dépareillées, accroche quelques lampions de couleurs et ouvre Chez Julie. Nous sommes en mai 2012, l’aventure commence. Très vite, la demoiselle blonde se fait connaître dans le quartier. Tant pour son sourire que pour son cheesecake à se damner. « Ça fait plaisir de faire plaisir aux gens. Au début, je me souviens que mon crumble saumon-quinoa-légumes faisait fureur. Depuis, j’essaie de décliner mes recettes, d’innover toutes les semaines. Bientôt, je compte proposer des jus de légumes à mes clients, bref, j’ai encore pas mal d’idées ».
Des idées qui finissent par prendre forme chaque matin, dans la cuisine de Julie, où elle et Vera, son employée, s’affairent dès huit heures. « On commence par préparer les desserts, puis les tartes salées, les soupes... À midi, les clients arrivent, je passe en salle. Puis je retourne aux fourneaux dans l’après-midi ». Un rythme effrénant et différent de sa vie d’avant, mais qui semble enfin lui apporter l’équilibre tant recherché. « J’adore tout ça, je crois que j’avais besoin de faire quelque chose de manuel au final. Et puis il n’y a pas que la cuisine, je suis aussi en contact avec les clients, je m’occupe de la comptabilité, des commandes... ». Le soir, en rentrant, pas question pour autant de repasser le tablier. C’est son amoureux qui hisse la toque pour lui concocter des plats venus d’ailleurs, aux saveurs asiatiques ou thailandaises dont elle raffole. Car si Julie tient à faire rimer cuisine et santé, le plaisir aussi fait partie intégrante de sa philosophie de vie.
Et du plaisir, son enseigne en procure pas mal depuis un an, réunissant chaque midi bon nombre d’adeptes d’une alimentation saine et gourmande. Désormais, les lève-tôt aussi peuvent se régaler dès le matin, le restaurant proposant depuis peu un service petit-déjeuner. Miel, confiture, pain, jus de pomme pressé issu du verger familial... Des produits là encore bio, voire locaux si possible, car c’est principalement auprès de producteurs de la région que Julie tient à se fournir. « Ce n’est pas toujours évident parce qu’on ne trouve pas de tout dans le coin, mais j’essaie de garder cette ligne de conduite au maximum, toujours en ne travaillant principalement qu’avec des produits frais de saison ». Dans le même esprit, cette fille des champs propose de fournir aux gens de la Ville des paniers de fruits et légumes bio sur commande. Une douce façon de convertir au bon manger ceux qui n’auraient pas encore craqués Chez Julie.