Traditionnelles rhétoriques « Les choses vont mieux » mais il n’y a toujours pas de résultat concret. Le Conseil Ecofin tant attendu a accouché le 11 mai d’une déclaration très diplomatique selon laquelle les 19 ministres des finances de la zone euro se félicitent des « progrès constatés ». Le problème grec reste suspendu mais « les négociations se sont bien passées ». On en est arrivés au point de considérer comme bonne nouvelle le fait qu’un accord entre Athènes et ses créanciers internationaux (UE, BCE, FMI) soit envisageable. Et le futur de l’économie grecque de se retrouver, une fois de plus, entre les mains de Mario Draghi…
Liquidation totale Le mardi 12 mai, la Grèce a engagé la procédure de remboursement des 750 millions d’euros dus au Fonds monétaire international – 650 desquels ont été pris sur un « fonds d’urgence » ouvert à la Banque de Grèce en 1984. Chaque État membre du FMI est en effet dans l’obligation de posséder un compte contenant des « capitaux réserves ». Ce compte ne peut être utilisé qu’en situation d’extrême urgence et doit impérativement être reapprovisionné dans les quinze jours qui suivent. La décision d’utiliser ce « fonds d’urgence » confirme les besoins de liquidité du pays. Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, l’a annoncé lundi : le pays risque d’être « à court de liquidité d’ici deux semaines » s’il n’y a pas d’accord avec ses créanciers.
Fausses solutions L’une des mesures qui risquent d’être imposées à la Grèce pour remédier à cette situation serait d’augmenter les taxes. Cette mesure viserait à établir un taux unique de la TVA à 18 pour cent (contre trois pour cent au Luxembourg sur plusieurs biens et services, par exemple l’alimentation). Mais une telle augmentation (concernant notamment l’alimentation et l’électricité, actuellement à treize pour cent) bloquerait évidemment les portefeuilles de la majorité des familles grecques.
Traditionnelles « menaces » et ingérences On ne parlera donc plus de « Grexit » pour le moment mais, le ministre allemand des Finances n’a pas hésité d’ironiser à la sortie de l’Ecofin : « Si le gouvernement grec juge nécessaire un référendum sur la question de la dette, alors qu’il le fasse. Ce serait peut-être une bonne chose de laisser le peuple grec décider s’il est prêt à accepter ce qui est nécessaire ou s’il veut autre chose ». Vue d’ici, cette provocation est tout simplement intolérable.
Quel avenir ? On critique depuis toujours – et probablement à juste titre – la Grèce d’être ancrée dans ses traditions et dans son passé antique glorieux au lieu de s’adapter au mode de fonctionnement « occidental » ; on critique le gouvernement grec d’avoir « perdu du temps » pendant les trois derniers mois de négociations et de ne pas avoir accepté de nouvelles mesures d’austérité ; mais comment peut-on demander à un pays d’aller vers l’avant quand toutes les solutions de dernière minute qu’on lui impose consistent à étouffer son économie ?