La sécurité, ça coûte. C’est l’essentiel du message que le président américain Donald Trump a transmis à l’ensemble des pays membres de l’Otan à l’occasion du sommet de l’Alliance atlantique qui a eu lieu à Bruxelles le 25 mai. L’Europe de l’Est se plie devant les exigences américaines. Hantés par les ambitions de Vladimir Poutine de redonner à la Russie l’éclat militaire d’antan la plupart des pays des l’Europe de l’Est et les pays baltiques ont rassuré Washington de leur intention d’augmenter les budgets pour la défense. « Jamais depuis la fin de la guerre froide, l’Otan n’a dû faire face à de plus grands défis qu’aujourd’hui », a affirmé le secrétaire général de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg à la veille du sommet.
Les anciens pays du bloc communiste gardent encore en mémoire le rideau de fer installé par l’ancienne Union soviétique au sein de l’Europe à la fin de la deuxième guerre mondiale. Leur intégration à l’Otan dans les années 2000 leur a assuré la sécurité à laquelle ils avaient aspiré pendant un demi-siècle d’hégémonie soviétique. À l’occasion du dernier sommet de l’Otan ces pays attendaient de la part de Donald Trump un engagement ferme concernant l’article 5 du traité atlantique.
Cet article est la clé de voûte de la solidarité transatlantique qui prévoit la solidarité de tous les pays en cas d’attaque d’un de ses 28 membres. Mais, en vrai businessman, Donald Trump n’a pas mâché ses mots pour rappeler aux autres qu’il faut mettre la main au portefeuille pour augmenter leurs dépenses militaires. « Vingt-trois pays sur vingt-huit continuent à ne pas payer ce qu’ils sont censés payer, ce n’est pas juste à l’égard du contribuable américain », a affirmé Donald Trump allant jusqu’à calculer un manque à gagner de 120 milliards d’euros afin de culpabiliser les pays les plus en retard.
La diplomatie du président américain est à la hauteur du personnage. Ses propos sur les deniers de l’Alliance atlantique font ressortir une certaine brutalité mais ils sont en même temps légitimes. L’appel à consacrer deux pour cent du PIB à la défense d’ici à 2024 remonte au sommet de l’Otan de 2014 à Newport au Pays de Galles. Mais à ce jour seulement cinq pays de l’Alliance ont franchi ce seuil : les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Grèce, l’Estonie et la Pologne. La Roumanie, alliée fidèle des États-Unis aux côtés de la Pologne, a prévu une augmentation de son budget pour la défense dès cette année. Ces deux pays hébergent le bouclier anti-missile américain que la Russie perçoit comme une menace à sa sécurité.
La Roumanie compte, à elle seule, quatre bases militaires américaines et prévoit d’augmenter ses effectifs militaires. « Nous avons déjà un programme d’entrainements communs en Europe, a déclaré le commandant du Commandement aérien allié en Europe, le général Frank Gorenc. Nous allons continuer à développer les aérodromes sur le flanc oriental de l’Otan : dans les pays baltes, en Pologne, en Roumanie et en Bulgarie. L’extension de ces bases aériennes va augmenter le volume et la vitesse des opérations. »
Deux jours avant que Donald Trump se rend au sommet de l’Otan le Pentagone sollicitait une augmentation du budget du programme Eri (l’Initiative pour l’assurance européenne) de 3,4 milliards à 4,7 milliards de dollars. « C’est une nouvelle excellente pour les alliés européens, affirme le ministre roumain de la Défense Gabriel Les. Les nouvelles ressources financières sont la preuve que notre coopération bilatérale avec les Etats-Unis va s’intensifier. » En 2018 la Roumanie recevra 5,2 millions de dollars en plus pour moderniser deux aéroports militaires situés à Campia Turzii, au nord-ouest du pays et à Mihail Kogalniceanu, ville situé au sud-est de la Roumanie. Ces aéroports modernisés permettront à l’armée américaine et à l’Otan de mener des opérations militaires d’envergure en Roumanie.
La Pologne, qui se méfie de Moscou autant que la Roumanie, a défini la Russie dans sa nouvelle doctrine de sécurité comme « une menace existentielle ». Bénéficiant d’une bonne croissance économique ces dernières années Varsovie a constamment investi dans son armée et dans les équipements militaires multipliant les opérations sur le terrain aux côtés des Américains et des alliés de l’Otan. « Cela aurait été bien que Donald Trump affirme explicitement que l’article 5 du traité atlantique n’est pas discutable, a affirmé Wojchiech Lorenz, analyste de l’Institut polonais des affaires internationales. En même temps c’est plus important ce que les États-Unis font, non pas ce que dit on ne dit pas le président américain. » L’Europe de l’Est reste fidèle à l’oncle Sam.