Start-up lancée il y a cinq ans, Airbnb a annoncé cette semaine avoir passé le cap des 500 000 lieux d’habitation affiliés, proposés par 350 000 hôtes dans 34 000 villes à travers le monde. Le service se trouve à mi-chemin entre l’hôtellerie classique et le couchsurfing, qui connecte voyageurs et hôtes sur le Net suivant un modèle d’hospitalité et d’échange sans frais. Les nuitées d’Airbnb sont payantes, le tarif étant fixé à sa convenance par l’hôte qui peut déterminer des prix variables pour la nuit, la semaine ou le mois. Airbnb touche des commissions sur les deux partenaires de la trans-action : entre six pour cent et douze pour cent sur le montant payé par le client et trois pour cent de ce que touche l’hôte.
Nul doute que les chiffres communiqués cette semaine marquent une remarquable progression, s’agissant d’une activité perçue souvent comme une concurrence déloyale par l’industrie touristique classique. Celle-ci ne s’est d’ailleurs pas privée, dans bien des cas, de faire intervenir les autorités locales pour lui barrer la route. Les animateurs d’Airbnb ne se laissent pas impressionner, multipliant les démarches auprès des municipalités pour mettre en avant les garanties liées au service et désamorcer les situations pouvant le discréditer. Airbnb estime faire partie de ce qu’elle décrit comme une économie de partage naissante, dans laquelle les gens eux-mêmes sont les entreprises.
Dans la courte histoire d’Airbnb (abréviation du nom d’origine Air bed and breakfast), il y a eu des cas de transactions qui ont mal tourné : cambriolages, destructions ou descentes de police. Mais, au regard de la quantité de nuitées générées, ils semblent assez peu nombreux. Soucieux d’éviter que de mauvaises expériences de ses utilisateurs, qu’ils soient hôtes ou clients, ne ternissent sa réputation, AirBnB met en avant sa plateforme comme réseau social, notamment pour les hôtes, les invitant à partager leurs expériences et leurs meilleures pratiques.
Le plus impressionnant dans la progression d’Airbnb est sans doute l’accélération enregistrée ces derniers mois. Neuf millions de personnes en tout ont utilisé le service à ce jour, selon les indications récentes d’un des dirigeants de l’entreprise, alors qu’à fin 2012, ce total cumulé était de quatre millions seulement. Né sur la côte Ouest des États-Unis, Airbnb a traversé l’Atlantique en 2011 avec l’acquisition d’un concurrent allemand situé à Hambourg. L’entreprise compte aujourd’hui douze bureaux dans le monde (Barcelone, Berlin, Hambourg, Copenhague, Londres, Milan, Moscou, Paris, San Francisco, São Paulo, Singapour et Sydney), ses deux premiers marchés étant les États-Unis et l’Australie.
Airbnb est-il appelé à poursuivre sur sa lancée et à devenir un concurrent de poids pour l’hôtellerie classique ? Offrant aux hôtes la possibilité de mettre à profit leurs espaces inutilisés pour des gains d’appoint, jouant à fond la carte des réseaux sociaux et des applications pour smartphones, l’organisation est assurément dans l’air du temps. Lors de l’effondrement de la bulle immobilière aux États-Unis, des propriétaires menacés d’expulsion avaient loué une partie de leur logement grâce à Airbnb pour se faire un petit pécule et éviter le pire. Après avoir quelque peu négligé l’aspect des risques encourus par les hôtes durant ses premières années, Airbnb prend aujourd’hui la question au sérieux, avec une assurance souscrite auprès de Lloyds prévoyant jusqu’à 1 million de dollars pour d’éventuelles dégradations – un service qui n’est pas facturé aux hôtes. La presse américaine s’accorde à compter Airbnb parmi les start-ups appelées à devenir de très grandes entreprises.