Un site web trop lent au goût de ses visiteurs a fait l’objet d’une conférence de presse du président Barack Obama cette semaine. Il était question de healthcare.gov, la bourse des assurances-santé mise en place dans le cadre de l’Affordable Care Act, ou Obamacare pour ses détracteurs, entré en vigueur le 1er octobrea 2013. C’est le site sur lequel les Américains non assurés peuvent explorer l’offre des différentes assurances auxquelles ils peuvent souscrire une pour en choisir un et remplir en ligne une demande d’adhésion.
Depuis la roseraie de la Maison Blanche, Obama a reconnu platement que ce site web « ne fonctionne pas aussi bien qu’il devrait » et qu’il a été bien trop lent et farci de bugs depuis son lancement. « Personne n’est plus en colère que moi que ce site ne fonctionne pas aussi bien qu’il devrait – ce qui signifie qu’il va être réparé », a-t-il affirmé. Il a tout de même fait valoir qu’à ce jour, il a été visité 20 millions de fois et qu’un demi-million d’Américains ont malgré tout pu choisir une assurance par le biais du site ou de l’un des sites comparables créés par certains États.
Healthcare.gov est destiné aux habitants des 36 États qui ont opté pour le programme d’assurance-santé adopté en 2009. Sa mise en ligne a coïncidé avec l’interminable bras-de-fer auquel se sont livrés les Républicains du Congrès et Obama ces dernières semaines sur le budget. Inspirés par le Tea Party, les premiers ont voulu à tout prix
conditionner leur accord au budget à la suppression ou du moins la modification de l’Affordable Care Act, plongeant au passage l’économie mondiale dans l’incertitude, tandis qu’Obama a refusé de remettre en cause ce qu’il considère à juste titre comme une avancée majeure pour les Américains. La fréquentation élevée dont bénéficie le site, même si elle a contribué à le rendre plus lent, témoigne en tout cas de l’intérêt des citoyens non assurés pour la possibilité d’accéder désormais à une couverture à des prix raisonnables.
Comment un site web qui s’adresse à des dizaines de millions d’Américains non assurés peut-il fonctionner aussi mal ? Apparemment, les règles qui régissent les commandes publiques et les délais serrés imposés aux 55 adjudicataires se sont conjugués pour aboutir à ce résultat. Les délais trop courts ont eu pour conséquence des tests insuffisants, tandis que le nombre d’entreprises impliquées, qui laisse rêveur, aura sans doute à lui seul été suffisant pour que le site souffre de dysfonctionnements. Les autorités américaines ont assuré avoir fait appel aux plus grandes entreprises de technologie pour résoudre au plus vite les problèmes du site – le quotidien USA Today a affirmé que l’une d’elles était l’opérateur de téléphonie Verizon.
L’affaire a évidemment fait les délices des commentateurs. Andy Borowitz, un comique qui joue volontiers de l’absurde mais dont le blog imite le style journalistique, s’est lâché. « Une nation qui a attendu des décennies d’avoir une assurance maladie est de plus en plus rendue furieuse par un site web qui leur fait perdre des minutes de leur temps, selon des comptes-rendus venant de partout aux États-Unis », a-t-il écrit. Et d’imaginer le gestionnaire d’un gymnase de Knoxville, dans le Tennessee, se plaignant amèrement que « le président Obama a dit qu’il rendrait l’assurance maladie accessible à un prix raisonnable à des millions d’Américains. Il ne nous a pas dit que cela prendrait plus d’une heure ». Andy Borowitz a ensuite annoncé que, depuis Moscou où il s’est réfugié, l’ancien analyste de la NSA et sonneur d’alerte Edward Snowden a offert son aide au gouvernement américain pour réparer healthcare.gov – en échange de son immunité. Pour peu qu’un accord puisse être trouvé qui le mette à l’abri des mandats dont il fait l’objet, « je peux me mettre au travail là-dessus tout de suite – je nai pas besoin de mot de passe », a fait dire à Snowden le comique, La réponse du président, toujours selon Borowitz : « Edward Snowden est un traître qui a mis en péril notre sécurité nationale, Ceci dit, s’il sait pourquoi nous avons tout le temps ces messages d’erreur, il pourrait y avoir de quoi discuter ».