La surprise fut sans doute de taille. Mais, après un certain temps, il a dû se rendre à l’évidence. « Au Luxembourg, on a le sentiment qu’on est indépendant des contraintes internationales, » concluait, mardi, Lionel Fontagné lors de la présentation de son rapport sur la compétitivité du Luxembourg.1 Comme il n’avait pas fait le déplacement pour se faire des amis à tout prix, le professeur d’Économie français a rappelé à son auditoire : « Le Luxembourg est spécifique à bien des égards, mais pas au point que les lois économiques ne s’y appliquent pas. » Un constat difficile à digérer pour un pays où le terme « a-typique » sert d’excuse pour rejeter toute remise en cause. Même si Lionel Fontagné a évité dans son rapport de contre-dire trop directement les nombreux interlocuteurs côté patronal et syndical qu’il a rencontré pendant son travail, il ne s’est pas pour autant trop arrêté aux légendes officielles expliquant la fabuleuse richesse du Grand-Duché. Non, les Luxembourgeois ne sont pas plus beaux, plus forts et plus intelligents. Fontagné aurait plutôt tendance à dire : « En fait, le Luxembourg n’a rien fait du tout, ce sont plutôt les pays autour qui ont fait des bêtises. » Ce que le Luxembourg a toujours réussi, c’est identifier un avantage qui lui est propre (gisements de minerai, réglementation bancaire, circuits courts de décision) et l’exploiter un maximum avec le soutien de la main publique. Pour réussir, le Grand-Duché a cependant toujours dépendu de l’étranger. Que ce soit pour la sidérurgie ou la place financière, le capital et le savoir-faire sont avant tout venus d’ailleurs. Se concentrant sur un secteur, le pays a créé des conditions particulièrement favorables pour celui-ci, attirant en conséquence davantage d’activités du même type sur un petit territoire. Il se crée alors une véritable dynamique, qu’on appelle
Jean-Lou Siweck
Catégories: L'Union, Politique économique
Édition: 04.11.2004