C’est officiel : le Luxembourg est coté en Bourse. À la recherche d’un élément explicatif pour les hauts et les bas de la croissance économique, les experts du Statec ont constaté que le meilleur corrélatif n’est autre que l’indice boursier Eurostoxx 50. Sur un graphique mettant côte à côte les deux valeurs à un rythme annuel de 1992 à 2003, on peut ainsi aisément suivre le retournement conjoncturel de 2001, que même l’office statistique avait longtemps du mal à saisir. Depuis avril 2003, les bourses connaissent une certaine reprise, et l’économie luxembourgeoise en fait de même. Après avoir revu à la hausse la croissance 2003 (2,9 p.c.) il y a un mois, le Statec a remonté cette semaine aussi ses prévisions pour 2004 et 2005 (deux fois 4,2 pour cent). Il s’agit de la deuxième révision favorable de ces chiffres pour cette année. Mais, notamment sous l’influence du renchérissement du pétrole, les conjoncturistes font montre d’une certaine prudence sur ces prédictions. La Commission européenne se montre d’ailleurs, avec 3,5 pour cent pour 2005, plus pessimiste. « Nous avons dépassé le creux du cycle, » expliquait lundi Ferdy Adam du Statec. La reprise bénéficie à presque tous les secteurs : industrie, bâtiment, transport et, surtout, services financiers. Après la remontée des bourses, les activités des clients des banques luxembourgeoises ont à nouveau augmenté. La main publique contribuera aussi à la croissance. Après la présentation du budget 2005 de l’État par le nouveau gouvernement, le Statec a augmenté ses prévisions de 3,8 à 4,2 pour cent, grâce notamment à la forte progression des investissements. Dans ses calculs, l’office retient entre autres que le gouvernement sous-estime systématiquement la progression des rémunérations des fonctionnaires alors qu’il surestime les dépenses d’investissement. Mais, vu le fort coup de frein donné aux investissements dans le budget 2004, le Statec estime qu’il y aura en 2005 un certain effet de rattrapage. Avec une croissance du PIB de 4,2 pour cent en 2004 et 2005, le Luxembourg a atteint sa vitesse de croisière. Le Statec estime en effet que le potentiel de l’économie s’élève sur le moyen terme à quelque quatre pour cent – ce qui correspond à la moyenne des quarante dernières années. Le chômage (4,2 pour cent) ne baissera pas pour autant. Si les demandeurs d’emplois les mieux formés retrouvent peu à peu du travail, tout indique que le chômage structurel augmente. Le nombre aussi bien de chômeurs âgés que de chômeurs de longue durée augmente. La dernière décennie a montré qu’il faut au Luxembourg une croissance d’au moins cinq pour cent pour faire baisser le chômage. Or, plutôt que de miser sur le retour de tels taux de croissance, le gouvernement ferait mieux de revoir sa politique relative au marché de l’emploi.
Jean-Lou Siweck
Catégories: Gouvernement, Politique économique
Édition: 21.10.2004