Lors d’une première rencontre au début de l’année, Chasey Negro nous décrivait son parcours dans la musique tel « un voyage musical » qui a commencé simplement en écoutant de la musique. Plus tard, le producteur Chook lui dispense aide et conseil, pour qu’une fois son propre matos dans les mains, sa chambre transformée en studio grâce à ses parents, Chasey Negro enregistre sa première Mixtape Boy Dirt, Vol. 1. Dévoilée il y a déjà quatre ans, entre temps le jeune artiste sort Trophy, titre aux plus de 20 000 streams, il a été lauréat du Screaming Fields, Artist package 2021 du Rocklab, et a ouvert la scène pour des stars tel que Lil Tecca… Lui qui rêve de côtoyer les étoiles s’en donne les moyens aujourd’hui porté par un premier album studio très convaincant dans son genre. Between the Stars est dans les bacs depuis mai dernier, et il montre toute l’énergie et le sérieux que Chasey Negro a voulu mettre dans sa musique. L’album rassemble ainsi dix titres auto-produits en collaboration avec le producteur viennois VinceB. Logé au sanctuaire du hip hop, Chasey Negro mêle également dans ce premier disque, trap music, boom bap, et rock, pour montrer l’ampleur que prend son univers. En l’état donc, sorti d’une plateforme d’écoute, Between the Stars est une approche stimulante de son style. Reste maintenant à entendre sa confirmation en scène, le 11 août prochain, au e-Lake Festival. En attendant on sirote les dix titres tout de même bien en place.
Comme il le chante dans Shake the Room, « I’m gang ready to touch the moon, they told me this shit is impossible, but bitch i don’t listen i do what i do », Chasey Negro montre une determination inébranlable… Dans son Between the Stars, un album qui ouvre vraiment la voie de sa carrière musicale, Chasey Negro ne distille pas forcément une prose digne des grands noms de l’écriture, la nécessité n’est pas là, elle se situe plutôt dans une maitrise d’un flow hip hop au pourtour de la drill londonienne. Là où l’artiste ne se sent pas limité, là où il peut désobéir et intentionnellement contourner les codes de la musique en général. Et c’est un peu ce que l’on entend dans Between the Stars, où se frôlent divers styles musicaux, dans l’intention même de Chasey Negro qui conçoit son travail sans limite, et le décrit par une « polyvalence » constante. En témoigne l’entrainant Weirdly Wired sur lequel Chasey Negro s’autorise une incartade pop rock, reflet du côté polymorphe de sa musique.
Mixé et masterisé par Yann Demierre et VinceB, Between the Stars a vraiment cette identité pro, loin des contraintes d’alors qu’imposait son studio maison, bien qu’on aimait assez l’ambiance et la teneur de Boy Dirt, Vol. 1, moins clean mais si spontané. Les ambitions ici ont clairement été décuplées. Si l’on perd en sincérité, pour parfois entendre « la référence » qui se trimbale dans l’un ou l’autre titre, force est d’admettre qu’on a affaire à un projet hyper léché. Between the Stars trouve sa genèse au départ de Chasey pour les Pays-Bas. Là, il rencontre le producteur viennois VinceB qui devient rapidement un proche collaborateur. La production de l’album s’étale sur plusieurs années, dans des sessions hebdomadaires avec VinceB, dans l’appartement de Chasey Negro à La Haye. L’influence de collaborations avec d’autres artistes a été bénéfique et ça se sent clairement à l’écoute. La grande complicité de VinceB avec qui Chasey Negro partage la même vision de la musique, et qu’il considère comme son frère, tous deux membres du collectif créatif Dirtboys, agit comme une famille. « VinceB est de loin mon producteur préféré avec qui travailler car il comprend qui est Chasey et ce que Chasey représente », argumente le rappeur.
« J’ai décidé de baptiser ce projet Between the Stars, alors que j’étais assis sur le toit de mon immeuble, contemplant le ciel nocturne et en écoutant les beats que nous avions produits la veille », explique Chasey Negro. Between the Stars raconte l’histoire d’une personne qui regarde constamment le ciel en se demandant ce qui se passe là-haut. Dans ce sens, chaque titre est pour Chasey Negro une étape différente de son voyage vers le monde extérieur. « Le paysage sonore de l’album est un mélange de sons acoustiques et numériques pour représenter à la fois le familier et l’inconnu », précise le musicien, qui a toujours assumé être guidé par les sonorités plus que par les textes, les sons lui dictant les mots, en d’autres termes. Comme dans ses précédents projets, une certaine nostalgie s’invite souvent dans cet album. Elle s’avère motrice, aérienne, tel le titre Flying to Space, ou plus souterraine, à l’écoute de Changes (Antichrist), en fonction de ses humeurs. Between the Stars oscille ainsi entre ces deux mondes, de la terre aux nuages, tantôt porté par la musique d’avant, tantôt celle de maintenant, parfois en réussite, parfois non, mais quoi qu’il en soit, comme il l’avait annoncé, le rappeur luxembourgeois a transformé ses idées en réalité, par une liberté créatrice, l’immisçant pas à pas, là où il se voit depuis gosse : « entre les étoiles ».