Tzeedee

Fly into the sun

d'Lëtzebuerger Land du 22.05.2008

Franchement, qui aurait cru que ce vent electropop qui souffle depuis quelques années sur notre continent sèmerait l’une ou l’autre graine dans ce fertile terreau luxembourgeois plus propice, il est vrai, aux plantes carnivores hardcore ou metal, voire aux bluettes insipides ? Il faut dire que sous nos latitudes, à part quelques notables exceptions, la délicatesse pop est souvent synonyme de mièvrerie ou d’autres caramels mous qui collent aux dents. Justement, parmi ces exceptions, on compte Hal Flavin, qui, plus est, aime se parer d’oripeaux électro. Hal Flavin, dont le premier EP est disponible digitalement (aujour­­d’hui, 23 mai) sur le site de leur label Lili is Pi avant de se retrouver sur les autres plateformes de téléchargement ou sous support CD.

Rebaptisée Hal Flavin depuis plus de deux ans (l’ancien patronyme ayant été MV Moussevingt), cette formation inventive s’est plus ou moins stabilisée, depuis l’arrivée de Mike Koster à la basse, autour du noyau dur formé par Marc Clement (voix, synthés et machines) et Samuel Reinard (guitares, machines et voix).  

La pochette d’une sobriété exemplaire contraste assez fort avec l’opulence du contenu. Une opulence parfois démonstrative, qui manque presque de plomber le fragile équilibre sur lequel s’échafaudent les constructions de ce trio, notamment sur les deux premiers morceaux. Passée la première écoute, forcément déceptive, cette impression s’évapore, heureusement assez vite et les éléments présents s’imbriquent pour finalement dégager un côté aérien, comme sur le magnifique Uplift, Golgotha de l’EP qui se dégage directement comme tel. Avec une sublime intro chiadée, ses arpèges Frippiens et ses discrètes rythmiques sur un lit de cordes synthétiques du plus bel effet, ce morceau reflète un coté incontestablement pop et accrocheur. Rock face puise également dans cette veine aérienne, même si une guitare volontairement incisive se pose en contrepoint sur des beats appuyés qui accentuent l’ascension. 

SPQR s’ouvre de manière minimaliste et lascive avant s’étoffer peu à peu et de dévoiler sa structure complexe et surchargée qui, paradoxalement, s’avère moins convaincante que le début du morceau, avant que le final bien abouti et un poil excentrique ne remette les pendules à l’heure. Le morceau d’ouverture Lights fait sauter à l’oreille la production impeccable (tout au long de l’EP, il faut bien le dire) qui restitue bien la froideur des programmations ainsi que l’interprétation mécanique tant de la basse musclée et slappée que de la guitare tout en saturations princiennes sur lesquelles se posent le chant très versatile (pureté, technique, louvoiement, susurrement, cris, tout y passe). Ce morceau, au premier abord outrancier, se développe et effectue sa mue en sortant de son cocon froid et métallique par à un nouveau pont aérien, avant de légitimement de redemander son sceptre Coldfunk. 

En un peu plus d’un quart d’heure, Hal Flavin nous dévoile quelques pièces de son univers en construction. Quatre morceaux qui tentent d’allier froideur et sensualité, instruments usuels et électroniques, muscles et intellectualisme, légèreté et gravité, d’où ressort finalement cette impression d’un groupe, qui comme Icare, cherche à constamment élever le propos au risque de devoir se retrouver parfois face à face avec leur condition d’êtres humains faillibles. Give it a try !

David André
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