Derrière Cyclorama se cache Sébastien Gilbert Laas, ancien guitariste de la formation psychédélique Karma Lounge. En fait, le projet est né en 2002, le jour où Monsieur Laas a acquis son premier sampler. Comme pour beaucoup, cet instrument aux multiples possibilités lui a permis d’explorer des voies qui, jusqu’alors, lui étaient barrées. Voulant dépasser le cadre stricto-sensu du psychédélisme tel qu’il est pratiqué organiquement dans Karma Lounge, Cyclorama se lance dans des compositions plus personnelles et moins soumises aux compromis, composante indivisible de la musique de groupe.
Meeting planets, que l’on retrouve sur le netlabel Schnurtrax Records (d’Land du 14.03.08), est le fruit de ses expériences en solo. Neuf compositions, qui selon ses propres dires, reflètent ses influences electronica, triphop, bigbeat, rock, voire même world et dub dans un cadre progressif et un peu planant. Le morceau d’ouverture, Saphyr, déboule sur une atmosphère noire et légèrement menaçante avec des breakbeats qui auraient eu leur place sur un morceau de Prodigy époque The fat of the land, avant que quelques notes de sitar viennent ajouter un peu de mysticisme pessimiste, ouvrant la porte aux influences ethniques comme cette flûte orientale au milieu du morceau. Puis, Plastic sunburst empile les nappes sonores et les rythmes sans but autre que de vouloir ressembler à The Orb ou Future Sound of London avant de brièvement décoller par l’entremise d’une ligne de synthé aussi légère que furtive – dommage !
Meeting planets se veut, par contre, plus accueillant par une approche minimaliste où sur une boucle rêveuse sont déposés de délicats entrelacs de guitares que n’aurait pas renié Durutti Column. Sous haute influence orientale, à la manière de Transglobal Underground, Divine snakebite réussit son atmosphère transcendantale. Place ensuite au massage ambient avec Sweet awakening évoquant un instrumental dub qui aurait pu naître d’une rencontre entre Massive Attack et System 7 et pas pour nous déplaire. À coups de staccati de guitares, Pragma nous renvoie du côté obscur du dub lourd et digital avec ses beats oppressants et sa voix lancinante. Changement de cap ensuite avec le très aérien, We trust the skies!, autre réussite tant atmosphérique que mélodique. Le morceau Dash parvient à allier le noir et le blanc, l’aérien et les basses lourdes tout en envoyant des tablas virevoltantes sur un tapis de guitares survoltées. Clôturant l’album, It’s music or die commence par des nappes d’orgue prenantes avant de se casser méchamment la figure, la faute à une voix féminine outrageusement kitsch, là où une voix plus blanche d’émotion et sobre aurait fait des merveilles.
Dans ce foutoir aux obsessions personnelles de Cyclorama qu’est l’album Meeting planets, on n’évite pas toujours le syndrome Buddha Bar, c’est-à-dire une musique de fond un peu kitsch qui se prend les pieds dans un mysticisme de bazar un peu toc. Heureusement pour l’auditeur, ces moments sont assez rares et l’album de Cyclorama s’avère une promenade aux mille effluves finalement assez réussie dans la mesure où le voyage est plus important que la destination !