Le géant du commerce en ligne Amazon a présenté il y a quelques jours un smartphone qui va être commercialisé sous sa marque à partir du 25 juillet, dans un premier temps aux États-Unis seulement et par le biais du seul opérateur AT&T. Le lancement du Fire Phone marque l'irruption - pas vraiment inattendue - d'Amazon sur un marché déjà passablement encombré.
Le système d’exploitation du Fire Phone est fondé sur Android, avec une interface quelque peu modifiée et quelques extras par rapport aux smartphones de Samsung ou Sony : des senseurs permettent d’exploiter différents gestes pour accéder à des menus connexes, explorer des contenus sous divers angles, le tout garantissant selon Amazon une expérience de type « immersion ». La principale particularité de Fire Phone est cependant de proposer un accès direct et facilité aux produits d’Amazon. Bien qu’il offre la plupart des accessoires et services proposés aujourd’hui par les smartphones haut-de-gamme (processeur quad-core, caméra de 13 millions de pixels, GPS…), ce téléphone se distingue par une intégration poussée avec l’univers d’Amazon qui le fait ressembler furieusement à un terminal de commandes dédié. La firme ne s’en cache pas : « Fire Phone met tout ce que vous aimez à propos d’Amazon dans la paume de votre main », a déclaré le CEO de la firme Jeff Bezos, cité dans un communiqué diffusé lors de l’événement de lancement organisé à Seattle. Parmi les particularités du Fire Phone figure un accès 24 heures sur 24 au support technique d’Amazon. L’application Firefly permet d’identifier à la volée des contenus visionnés sur l’appareil ou des objets que l’on a devant soi et de lancer leur téléchargement ou de les commander en ligne. Pour le stockage des photos et vidéos prises avec le smartphone, les utilisateurs pourront compter sur le cloud d’Amazon. En revanche, et bien qu’il s’agisse d’un appareil Android, ses utilisateurs n’auront pas accès à sa boutique Play Store, où sont proposées des centaines de milliers d’applications. Amazon dispose certes de sa propre boutique d’applications, mais elle bien moins fournie que celles d’Android ou Apple.
Le Fire Phone sera vendu 199 dollars à 299 dollars dans le cadre d’un contrat de deux ans auprès d’AT&T, et 649 à 749 dollars sans engagement contractuel. C’est relativement cher pour un appareil qui présente certes des performances très correctes, mais pour lequel on aurait pu s’attendre à ce qu’Amazon le vende bien moins cher.
Si l’on en juge par la stratégie adoptée par Amazon lors du lancement de ses récentes tablettes, on peut cependant s’attendre à ce que le prix du Fire Phone baisse assez rapidement au fur et à mesure qu’il sera proposé sur d’autres marchés, pour être à terme vendu à prix coûtant. Amazon peut en effet espérer se rattraper largement sur les ventes additionnelles d’e-books, de musique, de séries et de films qu’il ne devrait pas manquer de générer.
Il n’en reste pas moins que le prix de lancement, jugé élevé, a été une surprise pour les experts qui se sont pressés autour du berceau du Fire Phone : il est comparable à celui des téléphones haut de gamme d’Apple et Samsung. Nombreux ont été ceux qui ont estimé que ce prix augurait d’un flop sur ce marché hyper-compétitif. Le choix d’un partenariat exclusif avec AT&T a aussi été perçu par bon nombre de commentateurs comme une option surprenante et un coup risqué de la part d’Amazon.
Jeff Bezos a expliqué que le Fire Phone est « un meilleur téléphone pour nos clients les plus engagés ». Une façon d’avouer indirectement qu’il ne s’attend pas à ce que ce nouveau produit empiète de manière notable sur les parts de marché tenus par Apple, Samsung, LG ou Motorola, mais qu’il compte bel et bien sur lui pour conforter sa place de champion du commerce en ligne.