Réouverture iconique des banques Après trois semaines, les banques grecques ont ouvert leurs portes le lundi 20 juillet. Mais ce « retour à la normalité » n’est qu’apparent : les capital controls continuent et les conditions de la réouverture des guichets sont très précises et limitatives.
Exemples concrets : il était possible de retirer soixante euros par jour jusqu’au vendredi 24 juillet ou 300 euros en une seule fois pour les cinq jours et pour ne pas faire la queue au distributeur. À partir de samedi 25 juillet, et pour les semaines à venir, la somme maximale qu’il sera possible de retirer par semaine – en une ou plusieurs fois – s’élèvera à 420 euros.
À ces limites de transactions, il n’y a que très peu d’exceptions possibles : les frais médicaux qui dépassent cette somme peuvent être payés, uniquement par virement au compte de l’institution médicale et sur présentation de justificatifs – somme qui ne peut dépasser les 2 000 euros pour ceux qui sont hospitalisés à l’étranger. Il n’est évidemment toujours pas possible d’effectuer des virements vers l’étranger, les entreprises qui importent peuvent constituer des dossiers de demande dont l’issue est encore inconnue : elles sont encore bloquées.
La seule transaction illimitée vers l’étranger concerne le paiement des droits d’inscription aux universités. Pour ce qui concerne les étudiants qui ne vivent pas en Grèce : ils ne peuvent recevoir plus de 5 000 euros par trimestre. Mais aussi, toute ouverture « banale » de compte courant en Grèce est encore impossible, sauf pour certains cas très restreints.
« Les jeunes qui vont quitter le foyer familial en septembre pour leurs études ne pourront pas ouvrir de compte ni, si cela n’est pas déjà le cas, avoir accès à celui de leurs parents : nous retournons aux années 1960 où les mères envoyaient par voie postale à leur enfants des sous cachés dans des gâteaux », explique Monsieur Nikos, vice-directeur d’une banque grecque à Thessalonique. C’est la seule information qu’il accepte de donner : tout le reste est top secret, tabou ou encore inconnu.
Vote-campagne électorale Il s’agit de la validation du deuxième paquet de mesures d’austérité qui constitue, avec celui qui a été voté la semaine dernière, la condition sine qua non pour la négociation avec les créanciers du pays pour un troisième mémorandum. Ce vote a eu lieu dans un contexte extrêmement tendu. Suite au remaniement controversé du gouvernement – Alexis Tsipras s’est en effet « débarrassé » de l’aile gauche de Syriza qui a voté « non » au premier paquet –, les députés grecs ont reçu un texte de 977 pages dont ils devaient prendre connaissance et valider ou refuser 35 heures plus tard sans aucun amendement possible. Zoé Konstantopoulou, la présidente du Parlement grec, a adressé à cet égard une lettre au Premier ministre et au Président de la République en expliquant que cette procédure était antidémocratique et anticonstitutionnelle. Le vote a tout de même eu lieu, car son annulation aurait provoqué la résiliation de l’accord-« pont » de 7,6 milliards d’euros que la Grèce a reçus et qui vont financer les obligations de l’État pour cet été. Le paquet a finalement été voté par 230 députés sur 289.
Ce vote a eu lieu dans la nuit du mercredi à jeudi, à quatre heures du matin. Or, les discussions entre les représentants des partis ne concernaient pas tant le détails des réformes que les querelles politiciennes typiques : cela en vue des élections qui auront probablement lieu en automne.
Crash-test de Tsipras réussi « C’eut peut-être été mieux qu’ils ne le votent pas, nous aurions éventuellement pu négocier un accord viable pour l’économie grecque, dit une dame âgée qui attend son tour à la banque. Les conditions actuelles sont suicidaires pour le marché du pays ! Promenez-vous dans n’importe quel quartier : il y a presque plus de magasins fermés et abandonnés que de commerces ouverts. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si toutes les décisions politiques dures sont toujours prises en été – ils croient que nous dormons à la plage ! ».
Un jeune homme qui lui aussi attend son tour à la banque est d’accord : « Nous avons élu Tsipras parce qu’il nous a promis une solution alternative à l’austérité et maintenant il nous dit qu’il s’agit de la seule solution, qu’elle n’est pas viable, qu’il n’est pas d’accord avec ses réformes, mais que l’autre option est la faillite désordonnée du pays ».
« Oui, répond la jeune femme qui travaille au guichet de la banque, et nous lui faisons confiance car il est le seul qui ose se battre pour donner une solution réelle à la crise : restructurer la dette grecque. Cela va prendre du temps, nous devons être patients ». En effet, en comparant les sondages, le Premier ministre grec reste encore le favori.