Traînant une réputation sulfureuse au Luxembourg, où leurs sets incendiaires ont su rallier et convaincre une faune bigarrée et transgénérationnelle, du fluokid noceur aux bobos aux portes de la quarantaine, Christal [&] Crack se dévoile un peu plus avec son premier album autoproduit, Vitamin C. Cet album ne constitue pas pour autant leurs premiers pas discographiques car l’EP Two Guys in Heaven est disponible depuis fin 2008 sur leur site web et gratuitement, qui plus est.
Composé de Chris Diederich et de Marco Reckinger, le binôme Christal [&] Crack s’adonne aux joies de l’electrohouse régressive et criarde, lézardée d’échardes tonitruantes et de filtres gargantuesques que ne renieraient pas Daft Punk, Justice ou Vitalic. Sous une avalanche de beats basiques avec force sirènes, le duo de Dudelange ne fait pas dans la dentelle. Convoquant la face hautement hédoniste et un peu flashy de la musique électronique actuelle, ça envoie du bois pendant onze morceaux dont un remix à l’autotune du We are one de Baby Oil. Comme leurs influences citées plus haut, ils aiment bien plonger dans une vulgarité un peu facile et putassière, mais ici, totalement assumée (les I need et Le slip voient leurs invitées féminines prendre un plaisir ingénu à entonner des slogans sur le bas de la ceinture). On est loin des délires maximalistes et malins de Basement Jaxx, autres hédonistes électroniciens de haut vol.
Mais, ce qui fait le charme de Vitamin C, comme le prouve à l’envie le premier morceau, The night, c’est la synthèse bien tapée de toute la futilité et l’éphémère que peut prendre une virée nocturne virant à la bamboula, où l’ivresse des sens prend le pas sur le sens des mesures. Avec des hauts et des bas, une bonne dose d’insouciance, voire d’autres choses plus ou moins licites…
La production bien carrée et efficacem quoique monomaniaque, renforce le côté « pensé et fait pour le dancefloor », qui ne laisse malheureusement que peu de bouffées d’oxygène et dilue les velléités initiales à force de taper sur le même clou. Sorti du contexte dancefloor et performance, il apparaît que les morceaux usent des mêmes (grosses) ficelles, constat que des écoutes répétées n’estomperont pas. Un peu plus de subtilité et de corps auraient été les bienvenus, car passé le réussi Inside et ses arpèges paranoïaques, le point de saturation est atteint. Les instigateurs semblent avoir vidé leurs cartouches et passent en pilotage automatique. Malgré tout, la deuxième partie du disque essaie d’être plus variée et moins baston bas du front. Paradoxalement, elle convainc beaucoup moins, mis à part Really ?? qui prend des allées plus sombres en s’enfonçant dans une étonnante claustrophobie.
Efficace, mais coupable d’un manque de subtilité, Vitamin C dévoile un duo de jeunes producteurs, qui aime foutre le feu à une soirée, y titiller une certaine excitation et qui semble y parvenir sans peine. Par contre, il peine à convaincre en d’autres endroits moins festifs voire sur la durée d’un disque.