« L’actionnariat est exclusivement familial », indique Carole Muller au Land. Il est même unifamilial depuis 2021 puisque les Muller ont repris les parts des Fischer (en 2021 selon notre compréhension des rapports financiers), informe l’entrepreneure au sujet d’une transaction qui n’apparaît pas au registre du commerce. La descendante de Joe Fischer, Josée, a coupé les ponts capitalistiques après s’être éloignée géographiquement en 2009 avant les grandes manœuvres en termes de structuration du groupe (d’Land, 17.01.2014). Josée Fischer était partie s’installer à Marbella et y avait ouvert une boulangerie baptisée Pan de Lux où l’on servait jusqu’à l’année dernière les produits de la maison familiale.
Selon les calculs du Land, les Fischer et assimilés (anciennement réunis dans la structure Panhold) détenaient encore une vingtaine de pour cent de la holding Vertico. C’est là que sont regroupés tous les intérêts de la « multinationale Muller ». Collée au bâtiment administratif, l’imposante manufacture Panelux, étalée sur six hectares à Mensdorf-Rodt/Syre, compte sept lignes de production. Soixante tonnes de farine y sont transformées chaque jour (plutôt chaque soir) par 450 personnes. Une partie est dédiée au frais de Fischer. L’autre, au surgelé (débouché ouvert dès les années 1980), entièrement pour l’exportation (accélérée dans les années 1990). Cinquante pour cent du chiffre d’affaires est réalisé sur le marché local. Fischer en prodigue la moitié. Les clients tiers (stations services, supermarchés, hôpitaux), l’autre moitié. L’exportation de viennoiserie et de boulangerie (pas de pâtisserie) rapporte le reste des sous. Selon les chiffres de Panelux de 2019 (ceux de 2020 ont souffert de la crise), on s’approche des 70 millions d’euros de chiffres d’affaires.
Mais la maison-mère Vertico, basée à Kleinbettingen, révèle des chiffres encore plus vertigineux. Ses 33 filiales ont rapporté 224 millions d’euros en 2018, 143 en 2019. Entretemps, le groupe s’est séparé de son activité de boulangerie en République tchèque via la vente de la société UB holding. Car les Moulins de Kleinbettingen ont exporté leur production depuis les années 1990 et le démantèlement du rideau de fer. Les capitaux injectés par Edmond Muller avaient permis la construction d’une unité de production au nord de Prague. Manou Emringer y avait été envoyé en 1997 pour développer les activités, lit-on dans l’ouvrage Histoires de familles. Maintenant, c’est vers les États-Unis que la famille se tourne avec la création d’une filiale: Farin’up USA.