Il y a quatre ans, Rafael Grassi-Hidalgo mettait en avant, à la galerie Nosbaum Reding, des plantes, mais aussi la palette du peintre (qu’il est) ou le canevas de la toile peinte ou prête à l’être, devant le fond travaillé comme un rideau de scène. À ces Easy Paintings, succèdent en ce moment à la Gallery | Projects des fleurs, uniquement des fleurs, sous le titre pluriel de Forms of Life.
Le fond de ces huiles sur toiles, soit de très grand formats (230 x 180 cm) soit petits (50 x 40 cm), qui semblent comme des esquisses des premiers comme pour Drunken Bird et Big Drunken Bird, est un ciel lumineux où les formes de ces fleurs coupées, sans racines, ni feuilles, ni vase dansent. On serait une abeille, on serait immédiatement absorbé par ces calices ou enlacée par les tiges-bras, comme dans Flirt.
Sauf que les trois toiles du Magic Trio qui sont les pièces majeures de Forms of Life, sont des cibles, des mires, contre la planéité desquelles, si nous étions une abeille, nous viendrions nous écraser. De la nonchalance apparente, Rafael Grassi-Hidalgo revient à la nature morte. Thème récurrent de la peinture depuis des siècles et brûlant d’actualité.
Un autre sujet d’actualité s’il en est, occupe, à travers une exposition de groupe, l’espace principal voisin de la galerie Nosbaum Reding, Emotions are facts. Du travail de huit femmes artistes, on passera une partie du temps à regarder le film de Melanie Bonajo TouchMETell. Quoi de plus spontanément émotionnel en effet que la sensibilité corporelle des enfants ? Mais que devient-elle à la froide ère digitale ? Colérique, ainsi s’exprime Carmen Ayala Marin sur une grande toile où la bonne (espagnole et communément appelée Conchita dans la France des années 1980), se prélasse dans la baignoire de ses patrons, revolver de tueuse à la main… C’est de la movida peinte.
Parasites of Joy est à l’inverse, rouge comme la joie. Sur une très longue œuvre, qui fait penser aux récits chevaleresques médiévaux sur tapisserie (des parties sont ici brodées), sauf que le héros s’écrit héroïne, Konstantia Krikzoni, évoque un récit autobiographique avec les attributs que l’on di(sai)t communément féminins : démoniaques et de guérison. Au mur de la galerie encore, voici un jeté de fleurs, 400 des 2 000 dessinées, une par jour, à l’aquarelle ou au graphite par Boryana Petkova, qui nous parle ainsi d’émotions aléatoires.
Et on passe au niveau du sol. Comment ne pas être saisi par les Chrysalis de Monica Mays qui y sont couchées, les matières que sont la soie, la laine, des fleurs, des feuilles, du coton, des poils de chevaux, du foin et qui constituent ces hybridations entre végétal et animal. Enfin, que ou qui sont les figures de Kong Shengqi ? Visage véritable ou masque de son Théâtre anatomique, selon la manière dont on tourne autour de cette sculpture faite de bois récupéré.