Au Luxembourg, le vélo est bien plus qu’une simple affaire de déplacement (voir d’Land 24/17) : il s’agit bien souvent pour les cyclistes d’aborder ce moyen de transport comme une véritable composante de la vie quotidienne, qu’elle soit sportive ou plus life-style. C’est dans ce dernier aspect que Mate Horvath fait de plus en plus parler de lui au Grand-Duché avec son Project Bike qu’il gère, du haut de ses 27 ans, depuis déjà quatre années.
Lorsqu’il obtient le bac au Lycée des Garçons du Limpertsberg en 2010, Mate est encore persuadé qu’il est destiné à une carrière au sein des milieux artistiques ; il part donc pour Vienne où il débute plusieurs formations consécutives : Théâtre, film et médias, puis Informatique des médias et Ingénieur du son... Mais aucun des cursus que lui propose la capitale autrichienne ne semble convenir à ses attentes : « tout cela me semblait un peu ‘sec’, il manquait une certaine dimension de challenge ». Après deux ans d’essais infructueux, le jeune homme décide de revenir au Luxembourg. Passionné de vélo de route et de courses depuis un cadeau inoubliable de son père cinq ans plus tôt, il se lance immédiatement dans un projet qui lui paraît très vite évident : celui d’allier la créativité au monde du cyclisme... L’année en cours est alors dédiée aux démarches administratives et à la recherche du local qui accueillera son premier magasin spécialisé dans les Fixie Singlespeed, ces vélos urbains à la ligne épurée très en vogue et à une seule vitesse. Mai 2013 et l’ouverture à la route d’Arlon arrivent sans même que le jeune entrepreneur, épaulé par sa compagne, ne les voie venir : « Le shop était vide, on avait quasiment pas de stock. Tout se passait via des commandes spécialisées, au cas par cas ».
Puis avec un astucieux système de commandes groupées et beaucoup d’huile de coude, le magasin se remplit peu à peu de vélos et autres accessoires dédiés à la passion de son propriétaire. L’offre de base est simple : créer le fixie dont le client rêve, pièce par pièce, avec un large éventail de personnalisations possibles. Puis Mate s’intéresse à la customisation de vélos vintage de grandes marques comme Bottecchia ou Raleigh, activité qu’il développe sous le nom de Pimped Oldies, notamment dans le nouveau local Project Bike de la rue des Romains à Strassen. Il profite également de ce déménagement pour installer un petit Cycle Café où experts et novices peuvent échanger autour du vélo et d’un verre. Si la clientèle type du magasin serait une population de jeunes actifs « commuters », encore beaucoup moins présente à Luxembourg que dans des villes comme Berlin, Londres ou
Zurich, Mate a su rassembler des profils très divers autour de son initiative et s’en amuse avec bienveillance : « Ce sont des amoureux du vélo qui le considèrent comme un vrai hobby, avec un style de vie . Je peux avoir un jeune fan de fixie de quinze ou seize ans comme un retraité qui va s’offrir le vélo vintage de sa jeunesse ! ».
Si l’on peut trouver chez Project Bike tout ce qui se fait de mieux en terme de tendance cycliste actuelle, de la « Ferrari » du vélo vintage Colnago aux casquettes ultra urbaines Cinelli, réalisées en collaboration avec des artistes internationaux et édités en éditions très limitées, Mate Horvath n’a aucunement l’intention de limiter son activité à la vente de produits et à la fabrication de vélos sur-mesure et il entend bien partager sa passion avec le plus grand nombre. Ainsi, le secteur événementiel constitue un des nouveaux axes de développement pour ce cycliste aguerri, notamment via l’organisation de courses ludiques, comportant des énigmes et une bonne dose de suspens, mais aussi et surtout grâce à une animation unique : le Gold-sprint. Le principe est simple : deux challengers – amateurs ou professionnels – juchés chacun sur un fixie fixe de conception maison Project Bike et qui s’affrontent lors d’un sprint endiablé de quelques dizaines de secondes, la progression et les statistiques étant retransmises en direct sur un écran à l’arrière. Testé lors du BAFF Festival aux Rotondes en août 2016, le Goldsprint a écumé depuis plusieurs événements privés mais aussi le dernier Springbreak de Luxexpo... Le verdict est sans appel : il s’agit là d’un moment aussi compétitif, convivial et joyeux que ne l’est son jeune instigateur !