Le premier roman adulte de Katarina Mazetti devient un bestseller suédois traduit en 22 langues et adapté au théâtre et au cinéma. Basée sur sa propre expérience de femme de paysan dans la campagne suédoise, l’histoire de Le mec de la tombe d’à côté raconte le clash culturel et social entre une jeune, citadine et cultivée, et un paysan vieux garçon un peu brut, devenu orphelin.
Elle est une jeune bibliothécaire veuve, sophistiquée, accomplie, éduquée. Aux côtés de son mari, un scientifique un peu ennuyeux, obsédé par son travail, elle a mené une vie bien rangée, entre sa passion pour les livres et les soirées mondaines. Elle adore Schopenhauer, les meubles design et citer les grands écrivains de son carnet de poésie qu’elle ne quitte jamais. Lui est paysan éleveur de vaches laitières, devenu orphelin après la mort de sa mère avec qui il vivait à la ferme. Il se retrouve seul et un peu perdu dans une maison vieillotte, tapissée de broderies de point de croix de sa défunte maman. Un peu réac’ et chauvin, il est attiré par les femmes coquettes, aux petits soins pour l’homme de la maison après une dure journée de labeur à la ferme. Tout les sépare et pourtant…
Ils se rencontrent au cimetière, sur un banc devant les tombes voisines de la mère et du défunt époux. Ils se jugent sur l’apparence, ne se supportent pas, jusqu’à ce qu’un échange de sourires les plonge dans un tourbillon amoureux que ni l’un, ni l’autre ne peut s’expliquer. Tous deux se sentent revivre, jusqu’à remettre en question leur style de vie passée, sans passion, ni dévorant amour. Elle, bourgeoise-bohème, a-t-elle aimé son mari ou a-t-elle aimé la vie qu’il lui offrait ? Et lui, a-t-il vraiment pris le temps de vivre sa vie d’homme ou s’est-il caché derrière une vie de labeur, en se reposant sur sa mère ? Comme des adolescents, ils veulent tout partager avec l’autre, mais très vite, la réalité les rattrape et ils sont confrontés au fossé culturel et social qui les sépare. Chacun espère que l'autre s’adaptera, mais l’incompréhension s’installe. Jusqu’au bout règne un suspense intense: pourront-ils passer outre leurs origines si différentes ou n’était-ce qu’une belle aventure pour se consoler ?…
Si les différences entre leurs deux mondes que tout oppose sont illustrées par des exemples assez caricaturaux (pour elle : l’opéra classique, rien que ça ; pour lui : la foire aux vaches, résolument cliché), l’histoire n’en est que plus drôle, sans jamais tomber dans le registre du comique ou du ridicule. Le talentueux Jérôme Varanfrain, qui connaît bien les planches et l’espace de la scène du Tol, met en scène Joël Delsaut, bourru et hilarant, au côté duquel il est apparu dans Race de David Mamet (Tol, 2014) et Colette Kieffer, sensuelle et drôle, un brin névrosée, mais tellement attachante.