Lorsqu’ils se projettent dans l’avenir, les jeunes Luxembourgeois se font des soucis pour leur retraite, quatre jeunes sur dix jugeant que la part publique dans le montant de leur pension future sera moins importante et, fatalement, la part de leurs contributions personnelles plus forte pour s’en sortir après 60 ou plutôt 65 ans. C’est un des enseignements que tire le baromètre des retraites de l’assureur Axa publié tous les deux ans et qui s’appuie sur un sondage de TNS/Ilres1. Il s’agit à ce jour du seul indicateur renseignant des préoccupations des résidents luxembourgeois sur ce qui les attend une fois qu’ils auront atteint l’âge de la pension. Ce baromètre étant réalisé dans neuf pays, il permet aussi de comparer les craintes des Luxembourgeois avec celles de leurs voisins. C’est donc sans surprise qu’au grand-duché comme en France, en Allemagne ou encore en Suisse, les jeunes actifs sont profondément inquiets sur ce qui les attend dans quarante ans ou plus, puisqu’il va bien leur falloir travailler davantage pour espérer retrouver un niveau de vie à peu près satisfaisant pendant leurs vieux jours. Leurs aînés sont de plus en plus sensibles aussi à la question de la soutenabilité du système actuel de pension s’appuyant sur la répartition et la solidarité intergénérationnelle.
Lorsqu’on leur demande à quoi ils associent la retraite, les Luxembourgeois encore actifs répondent qu’elle leur fournira d’abord du temps pour s’occuper d’eux (93 pour cent de l’échantillon des actifs le pensent) ou de leurs proches (90 p.c.). Ils sont très nombreux aussi (81 p.c.) à penser qu’il s’agit d’un moment de la vie à préparer financièrement, ce qui est un taux plus bas que la moyenne européenne (88 p.c.). 26 pour cent des actifs interrogés au Luxembourg l’associent d’ailleurs à un moment de vie dont ils ne profiteront qu’en continuant à travailler, afin de se garantir un niveau de revenus un peu décent et 31 p.c. voient la retraite comme le début des problèmes financiers ou de restrictions. Ce dernier chiffre est plus rassurant en comparaison européenne : 55 pour cent en effet des Européens ayant fait l’objet de l’étude Axa estiment que retraite égal serrage de ceinture. Les Français de l’échantillon sont soixante pour cent à le croire et les Allemands 54 p.c.
Les actifs rêvent de pouvoir quitter le monde du travail à 58 ans (57 ans lors du précédent sondage en 2007), mais pensent réellement pouvoir le faire à l’âge de 60 ans (or, l’âge légal est fixé à 65 ans), alors que les Portugais, qui aspirent eux aussi à prendre la quille à 58 ans, s’attendent à travailler jusqu’à 65 ans.
54 pour cent des actifs au Luxembourg s’opposent à un relèvement de l’âge minimum de départ à la retraite, mais, note l’assureur Axa, ils étaient bien plus nombreux (64 p.c.) en 2007 à fustiger formellement cette hypothèse. Les retraités se déclarent, eux, moins catégoriques que leurs cadets : 46 p.c. sont contre le relèvement de l’âge minimum qui ouvre les droits à la pension.
Qu’est-ce qu’ils vont toucher ? En trois ans, le public luxembourgeois a affiché un degré de conscience sensiblement en hausse sur les montants, exacts ou approximatifs, qui leur seront versés (retraite privée, publique et celle obtenue auprès de son employeur), mais 64 pour cent n’en a aucune connaissance. Plus l’âge de la retraite approche, mieux on sait le montant de ses futurs revenus : ainsi, parmi la catégorie des seniors actifs (50-64 ans), 58 p.c. des personnes sont en mesure de dire le montant qu’ils toucheront, contre 29 p.c. des « quadras » (35-49 ans) et 22 des jeunes âgés entre 25 et 34 ans.
Ce n’est pas tout de savoir combien on touchera une fois le ticket de la pension décroché, encore faut-il que ses montants atteignent un niveau donnant satisfaction à leurs bénéficiaires, ce qui est plutôt le cas au Luxembourg où 68 pour cent des actifs jugent très suffisants et suffisants leur revenus futurs, ce qui est curieusement davantage qu’en 2007 (62 p.c. se déclaraient plutôt satisfaits). 87 p.c. des retraités du Luxembourg estiment aussi leurs revenus suffisants (contre 79 p.c. en 2007). Il n’y a qu’en Suisse qu’on trouve un niveau de satisfaction comparable, et même supérieur avec un taux 76 pour cent de satisfaction tant pour les actifs que pour les retraités. Ailleurs en Europe, on trouve 60 pour cent de Belges à peu près satisfaits, 57 p.c. d’Italiens, mais 38 p.c. seulement de Français (actifs) et 34 de Portugais (actifs).
Lorsqu’on les consulte pour savoir quelle part constituera à leurs yeux la retraite (légale ou privée), les actifs luxembourgeois répondent que la pension légale atteindra une part prépondérante de 76 p.c. (une part qui tombe à 53 p.c. en moyenne en Europe dans la comparaison Axa dans les neufs pays). La part de l’épargne retraite via l’employeur se limitera à huit pour cent et celle de l’épargne retraite privée à dix pour cent et six p.c. viendra des investissements immobiliers. Pour les retraités de l’échantillon, 92 p.c. de leurs revenus sont tirés de la retraite légale, trois de l’épargne employeur, deux des investissements immobiliers et trois de leur épargne personnelle.
L’analyse en fonction des différentes classes d’âge montre que les jeunes de 25 à 34 ans pensent que plus d’un tiers (36 p.c.) de leurs revenus de pension proviendront de l’épargne privée contre 22 p.c. pour les 35-49 ans et 19 pour les actifs âgés de 50 à 64 ans. « Ils sont, notaient les dirigeants d’Axa Luxembourg lors de la présentation du baromètre, sensiblement plus ouverts que leurs aînés aux initiatives individuelles et sont plus enclins à souscrire des produits de type pension complémentaire pour assurer leur avenir financier à la retraite ».
Les actifs considèrent à 49 pour cent qu’une augmentation des cotisations peut être envisageable pour garantir un niveau suffisant de retraite. Ils sont treize pour cent à pouvoir imaginer une augmentation par l’État de l’âge légal de départ à la retraite. Six pour cent seulement opteraient pour travailler plus longtemps et 22 pour cent se diraient prêts à augmenter leurs investissements et épargne personnelle.
Le baromètre Axa pour le Luxembourg relève que 41 pour cent des jeunes entre 25 et 34 ans ont déjà commencé à préparer leur retraite et que 50 p.c. vont commencer à le faire. L’élément principal déclenchant une prise de conscience est en général le fait d’atteindre un âge clé : 30, 40 ou 50 ans, davantage que des considérations liées à la dégradation du système des retraites, à des reformes fiscales ou même à l’arrivée des enfants.