À peine passées les fêtes, entre deux bouchées de galette des rois, un mot revient dans toutes les conversations : détox. Parce qu’on a beaucoup trop mangé ces derniers temps, parce que ce n’est quand même pas bon de s’empiffrer comme ça, parce que le corps n’en peut plus, parce que c’est notre résolution numéro un et parce qu’un petit régime de temps en temps, ça ne peut de toute façon pas faire de mal.
Et puis on sait bien que c’est la tendance et qu’indirectement, on va se laisser un peu influencer. Même sans le vouloir. Cinq menus détox pour éliminer après les fêtes, Détox : décrassez votre organisme ; Janvier, le mois de la détox ; Cocktails cent pour cent detox ; Cure détox en sept jours… La même rengaine revient en chaque début d’année à la Une de tous les magazines et même de certains journaux. Avec elle naît cette petite pointe de culpabilité qui nous titille quand on essaie de résister, mais qui bien souvent, finit par prendre le dessus au moment où l’on s’apprêtait justement à glisser notre crème glacée préférée dans le panier du supermarché.
Alors on fait le plein de fruits et on oublie les biscuits. On achète des dizaines de citrons histoire de compenser les bonbons. On remplit son bac de légumes – surtout des brocolis et des salsifis, même si ça ne nous donne pas très envie. On teste le jus de curcuma, les baies de goji et le quinoa, des aliments bizarres que personne n’avait jusqu’alors vues dans nos armoires. Et puis on boit du thé, beaucoup de thé. Détoxifiant, purifiant, drainant, régénérant… Et de l’eau aussi, énormément d’eau. Dans laquelle flottent en général quelques tranches de concombres et beaucoup de citron. Ce n’est pas mauvais tiens, et puis c’est joli. Alors on photographie et on publie sur les réseaux sociaux #detoxwater. Succès garanti.
Et puis le sport refait soudain irruption dans notre vie. Ami inséparable de la détox, il faut dire qu’il détient la deuxième place des articles les plus consultés de janvier, juste après ceux consacrés aux vertus miraculeuses des cures de kiwi. Revoir son alimentation c’est bien, mais se bouger les fesses, c’est mieux. Alors on profite des soldes pour s’acheter une bonne paire de runnings. On essaie de s’y (re)mettre, enfin on attend d’abord que le ciel soit moins gris et le mercure plus haut. D’ici là, on se jure de boycotter l’ascenseur et d’emprunter les escaliers. Au moins une fois par jour, en descendant. Pour compenser, on télécharge des applications qui nous lancent des challenges sportifs sur trente jours. Chaque journée commencera dès lors par une séance de gainage, position planche, chronomètre lancé pour vingt secondes. Et dire qu’il faudra en tenir 300 à la fin du mois…
Avec tout ça, janvier touche presque à sa fin. Il faut avouer que notre motivation de début d’année n’est plus vraiment ce qu’elle était. La faute aux magazines, encore, et à ce numéro de février qui vient de publier un article intitulé « Détox, et si c’était de l’intox ? ». On y découvre que ces régimes déséquilibrés (sic) pourraient carrément être dangereux pour la santé, en entraînant des carences, des problèmes hépatiques et des troubles du comportement alimentaire. Paraît-il même que le foie, les reins et le système digestif seraient tout à fait capables d’éliminer tout seuls les toxines de l’organisme dans les heures suivant la digestion. D’ailleurs, selon les scientifiques, la seule solution pour adopter un mode de vie plus sain, c’est d’écouter son corps. Et tant mieux, se dit-on en douce. Car les beignets de Carnaval viennent juste d’arriver en boulangerie et notre corps semble en avoir soudain très envie.