Destinée aux étudiants, la tablette Aakash lancée hier en grande pompe par les autorités indiennes, coûtera l’équivalent de 35 dollars. Ce sera sans aucun doute l’ordinateur à écran tactile le moins cher du monde. Aakash (« ciel ») permet notamment de surfer sur le web et de faire des vidéoconférences. Lors de la cérémonie de présentation, cette semaine à Delhi, le ministre des Télécommunications et de l’Éducation Kapil Sibal a remis 500 Aakash à des étudiants, qui vont tester l’engin.
Le gouvernement va en acheter 100 000 et les offrir à des étudiants, l’objectif étant d’en distribuer 10 millions au cours des prochaines années. Une version commerciale, UbiSlate, non subventionnée, sera mise sur le marché au prix de 70 dollars. L’appareil sera produit à Hyderadab, dans le sud de l’Inde. Kapil Sibal a clairement identifié la fracture numérique, dont l’Inde est sans doute l’emblême, comme enjeu : « Les riches ont accès au monde digital, les pauvres et les gens simples en ont été exclus. Aakash va mettre fin à cette fracture numérique », a-t-il proclamé.
L’Inde cherche depuis des années à définir un modèle de terminal qui lui permettrait de surmonter ses retards en matière d’accès au Net et de connectivité. Toutefois, ses tentatives récentes de mettre au point un tel modèle ont tous échoué.
Avec un microprocesseur de 366MHz et un co-processeur vidéo, un écran tactile, deux ports USB, Aakash, produit en Inde, est tout sauf un foudre de guerre. Le système d’exploitation est la version 2.2. d’Android, l’écran mesure sept pouces, la mémoire flash est de deux GB, l’appareil est livré avec une carte mémoire micro-SD de 2 GB qui peut être portée à 32 GB. La connectivité de base est assurée par WiFi, avec le GPRS et la 3G proposés en option. Sur le papier, cette tablette présente des caractéristiques correctes : reste à voir si en pratique elle répond aux besoins des utilisateurs. Beaucoup dépendra de la réactivité de l’écran tactile. La lenteur des terminaux lancés précédemment avait grandement contribué à leur échec : ils avaient été taxés d’inutilisables et délaissés. Celui-ci sera-til assez rapide et ergonomique ? Certains des étudiants rassemblés par le ministère pour le lancement à Delhi ont exprimé leur sceptiscisme sur ce point, estimant que l’appareil était lent.
Mais le directeur de DataWind, une société basée au Royaume-Uni mais fondée au Canada par deux Indiens, Suneet Singh Tuli, qui a développé l’Aakash avec l’Indian Institute of Technology (IIT) du Rajasthan, s’est montré convaincu de son succès. « Notre objectif était de casser la barrière du prix pour l’informatique et l’accès Internet. Nous avons créé un produit qui va enfin apporter l’informatique et l’accès Internet aux masses à un prix abordable », a-t-il déclaré. Il a aussi fait valoir que l’Aakash sera manufacturé par des Indiens. Les concepteurs ont laissé entendre que le prix subventionné de 35 dollars n’est qu’initial, et qu’en cas de succès, les économies d’échelle devraient permettre de réduire le prix jusqu’à 10 dollars.
Pour un pays comme l’Inde, l’accès au Net des étudiants est crucial, surtout pour les zones rurales qui ne disposent pratiquement pas de bibliothèques. Encourager l’éducation pour les jeunes des zones éloignées des grands centres est un casse-tête : soit ils se découragent devant les obstacles, soit ils se résolvent à s’installer dans les grandes villes, ce qui, entre autres problèmes, accélère l’exode rural. Il faut dire que l’Inde accuse un retard considérable en matière de connectivité : 8 pour cent des Indiens ont aujourd’hui accès à Internet, contre 40 pour cent des Chinois.