La présentation, il a ça dans la peau. « You get the kick on the air ! » aime-t-il à citer CNN. Après le djingel introductif du journal radio, rien ne peut ébranler, rien ne peut impressionner Jean-Marc Sturm. Pourtant, il y en a qui ont essayé, de ses collègues. Le studio pourrait s'effondrer, il continuerait à lire ses titres et ses lancements, sans sourciller, inébranlable. Que ce soit au DNR, comme depuis le 15 septembre dernier, ou à RTL Radio Lëtzebuerg, avant cette date, Jean-Marc Sturm est un présentateur de radio passionné, plein sang. Probablement le plus « professionnel », le plus radiophonique du paysage audiovisuel luxembourgeois. « C'est vrai qu'il faut être un peu extroverti pour faire ce métier, » rigole-t-il, avant de raconter encore une de ses blagues redoutables.
Le départ d'une des vedettes de RTL, où il présentait le journal depuis six ans, d'abord à midi, ensuite pendant deux ou trois ans le matin, la meilleure tranche de la radio, reste un mystère. Dans les couloirs, la légende accuse des dissensions avec la direction ou la rédaction en chef. Diplomate, il ne parlera que du défi de son nouveau poste, qu'il a accepté l'offre « parce que cette radio est un chantier intéressant », où il reste beaucoup à faire. Un pincement de cur, lors du départ ? « Bien sûr que c'est toujours bizarre, lorsqu'on quitte un emploi et des gens avec qui on a passé beaucoup de temps. Mais je garde le contact » dit-il avec son grand sourire optimiste.
Son surnom, Hugo, il le doit à ses anciens collègues de travail et à l'ouragan éponyme - forcément par analogie avec son nom de famille - qui dévasta le sud-est des États-Unis en septembre 1989, lorsqu'il commença son métier à RTL, alors jeune diplômé en droit et en journalisme de l'ULB.
Le passage d'un empire médiatique - la nébuleuse CLT-Ufa / IP - vers l'autre - le groupe ISP - lui a-t-il posé un problème, idéologique par exemple ? Après un temps de réflexion, Jean-Marc Sturm (né en 1964) dira que non, que la concurrence se passe en fait à un autre niveau. Qu'on ne lui a jamais donné d'instructions d'une ligne à suivre, mais que la possibilité d'avoir recours aux archives du Luxemburger Wort par exemple est un réel avantages de ce groupe. Et de continuer : « Je suis vraiment impressionné par la motivation des gens au DNR », qui, avec une équipe de cinq journalistes permanents seulement arrive quand même à offrir une information aussi complète que possible, avec un bulletin toutes les vingt minutes le matin par exemple.
Qu'il faille exceptionnellement assurer deux roulements d'affilée, lorsqu'un collègue tombe malade ne semble pas le gêner outre mesure, les reportages permettant toujours de garder le contact avec le terrain, tout comme les entretiens en live contribuent à « faire l'actualité ». « Ici, il faut être un talent all-round, » estime Jean-Marc Sturm.
Le scoop ? Bien sûr, il le cherche toujours, comme un trophée, est tout fier lorsqu'il peut annoncer une nouvelle en premier, comme la révocation de Gérard Reuter, l'autre mardi à midi. « C'est l'avantage de la radio par rapport aux autres médias d'être rapide, immédiat. C'est probablement même sa mission. » C'est cette vivacité, cette animation, cette immédiateté qui lui plaisent sans son métier. Dans ce sens, il ne voit ni la télévision - qui a l'image -, ni la presse écrite - qui a le temps pour des analyses plus approfondies - comme des concurrentes, mais plutôt comme des médias complémentaires.
Le journalisme ? Oui, toujours. Aussi pour ce privilège de mieux savoir comment fonctionne le monde, de comprendre les causes et effets, les tenants et les aboutissants de ce qui se passe, devant et derrière les coulisses, « même si on ne peut pas toujours dire tout ce qu'on sait ». Une de ses transitions favorites à l'antenne est d'ailleurs ce fameux « parallèlement, c'est... » comme pour symboliser verbalement les interrelations, le cross-over dans « un monde où tout devient de plus en plus complexe, l'information de plus en plus rapide et éphémère ».
Reste la déontologie, ce réflexe de hiérarchiser, de recouper les informations, de vérifier doublement les sources, de tendre le micro aux deux parties en cause. Et que « je ne suis pas payé pour vendre mon opinion personnelle comme une information. Surtout à la radio, ce n'est pas notre mission. Nous nous devons d'être objectifs ».