Ray Hickey se souvient de son arrivée à Luxembourg comme si c’était hier. Il a débarqué un soir d’octobre 1993, en provenance de Bruxelles après avoir travaillé en Égypte et en Israël. Il venait voir quelques amis avant de partir faire la saison de ski en Autriche... Et il est encore là ! Il a tout de suite commencé dans les cuisines du Congo, le premier restaurant à pittas de la place et y a trouvé son monde : « Après quelques jours, j’ai senti que c’était le pays où je voulais vivre ». Appréciant le quartier de Hollerich qui connaissait ses premiers soubresauts nocturnes, la vitalité internationale, notamment anglophone, de la capitale et l’intimité de la ville où les repères sont vite pris, Ray Hickey ne pouvait que rester à Luxembourg où il était en plus tombé amoureux.
Il va grimper les échelons dans la cuisine du Congo et y apprendre les ficelles du management. Les contacts dans le milieu de la restauration et de la nuit se multiplient aussi vite que les bières s’enchaînent et quand son petit frère Tom vient le rejoindre en 2000, ils sont prêts à accélérer les étapes. « Je rentrais d’Australie avec beaucoup d’idées et d’ambitions. Il me tardait d’implanter à Luxembourg ce que j’avais vu », explique Tom. Ce sera d’abord le Congo avant de s’implanter au centre-ville au Lenster’s Eck, pour ceux qui n’ont pas la mémoire trop courte. On est en décembre 2002 et le coin de la rue de la Boucherie va très vite devenir une adresse de bar incontournable : l’Urban. C’est à Stefano Moreno que les frères Hickey en confient l’aménagement, en prônant un endroit cosy, à l’anglo-saxonne, mais pas seulement, où il fait bon discuter tout en ayant de la bonne musique. Après quelques mois, le premier étage s’ouvre, confirmant le succès de l’adresse, puis l’endroit propose un menu du jour et une carte aux influences internationales.
Ce qui fait le succès d’une telle maison tient à une alchimie parfaite entre la chance d’être au bon endroit au bon moment et la capacité à s’entourer des bonnes personnes. « Nous avons un grand respect et une grande confiance dans notre staff qui est assurément une des clés de notre succès », estime Ray. Capables de déléguer, ouverts, faciles d’accès, les frères irlandais misent sur un personnel toujours motivé et à 200 pour cent. L’autre ingrédient est de rester ouvert tous les jours, toute l’année, « comme à Dublin », ironisent-ils tout en précisant qu’ils n’ont fermé que deux jours en huit ans « pour des dégâts des eaux ».
Depuis quelques années, c’est aussi l’organisation d’événements festifs et musicaux qui leur tient à cœur. Avec leur société Big Event Production, ils ont fait venir MTV et des DJ’s internationaux pour une grande soirée I-Dance à la Rockhal, ont proposé deux années de suite une St. Patrick endiablée sur la Place d’Armes (et ne désespèrent pas de trouver un nouveau lieu pour poursuivre cette fête qui touche bien plus que la communauté irlandaise) et s’attèlent chaque année à rendre la soirée du 22 juin, veille de la Fête nationale, inoubliable. Ils apprécient l’adrénaline que procure le stress de l’organisation et savent qu’ils sont attendus au tournant à chaque événement, mais leur réputation de travailleurs qui allient sérieux au sens de la fête les porte.
Nouvelle étape en 2005, quand ils achètent une partie du complexe « downtown » à Hollerich. Bien sûr, il s’agit d’une affaire immobilière, mais pour Ray, c’est aussi une histoire émotionnelle, un retour à ses premières amours. Après rénovations, changements de concepts pour certains établissements et nouvelles orientations, ils espèrent bien relancer l’endroit qui a perdu de son lustre face à la concurrence des Rives de Clausen ou du centre-ville. Ils ont ainsi développé un nouveau concept, The Lab, avec ses cocktails moléculaires, son bar à oxygène et son frigo magique. « Le renouveau de Hollerich est pour bientôt et vous ne serez pas déçus », annoncent-ils fièrement. Autre adresse qui fait leur fierté, le « petit » frère de l’Urban à Belval, ouvert il y a deux ans. Là aussi, succès assuré dès les premiers mois grâce à un décor parfaitement maîtrisé et adapté (signé par l’architecte britannique Julian Taylor, qui a une centaine de bars et restaurants à son actif), la même qualité de service et de soin dans les préparations. C’est l’adresse par excellence avant ou après le cinéma ou le concert à la Rockhal.
Nourris de leurs voyages et de leurs rencontres – « on a toujours les sens en éveil et l’appareil photo à portée de main » – Ray et Tom Hickey n’envisagent pas de s’arrêter en si bon chemin.