Pour la bonne humeur, Alex Bodry, le président du parti, avait amené du cassis pour faire des kirs royaux. Mars di Bartolomeo, le ministre de la Santé qui travaille à deux pas de là, est passé au stand et a félicité l’équipe des Stater Sozialisten pour son engagement via Facebook. Marc Angel, tête de liste, était au four et au moulin durant toute la journée, accueillant les membres et les autres candidats, écoutant les habitants de la capitale qui se plaignaient ou demandaient des renseignements, distribuant des gadgets et des bises par centaines. En face, l’ADR fait patienter les passants jusqu’à la publication de son programme avec quelques grignotages salés et des cartes postales sur son idée d’un City Tunnel datant de 2009. Un peu en amont de la rue Philippe II, les Verts distribuent des moulinets ; en aval, le CSV offre du jus d’orange bio, la candidate tête de liste Martine Mergen se prête elle aussi au jeu du question / réponse. Et alors que le DP a un stand officiel en pleine grand-rue, l’échevin Xavier Bettel et « enfant terrible » (Ann Wagner) de la politique luxembourgeoise donne un coup de main dans un magasin de chaussures, gérant les tickets pour les mamies déchaînées par la folie des bonnes affaires. Sur la place d’Armes, la Piratepartei se présente elle aussi, mais elle ne vise que les législatives de 2014...
Officieusement, le jour de la braderie lundi 5 a sans conteste lancé la campagne électorale pour les communales du 9 octobre dans la capitale. Officiellement, elle le sera dans tout le pays ce soir à 18 heures, un mois avant l’échéance, avec l’expiration du délai de dépôt des listes de candidats. Même si les grands partis, notamment le CSV, veulent encore reculer leur échéance du début de leurs manifestations politiques – le CSV ne lancera les siennes que le 21 septembre, laissant moins de deux semaines au débat politique. Prenant les devants, le LSAP par contre annonçait déjà « mission accomplie » mardi, le président Alex Bodry étant fier de pouvoir présenter des listes dans toutes les 43 communes votant selon le scrutin proportionnel, donc avec des listes politiques, « davantage de candidats que jamais auparavant » (ce qui s’explique aussi par le nombre croissant de communes proportionnelles, plus six depuis 2005). Seul le CSV peut en dire autant, alors que le DP n’a réussi à boucler des listes que dans 39 communes (à l’heure où nous mettons sous presse), les Verts 33, l’ADR dix, la Gauche six, auxquels s’ajoutent quelques petits partis locaux.
« Les élections communales sont la voie royale » écrit le président du CSV et maire de Bascharage Michel Wolter sur le site du parti dédié aux communales. Son parti, 38 pour cent aux dernières législatives de 2009, aime à expliquer que les communales ne sont pas un « test » pour les rapports de force dans le paysage politique, que chaque commune a ses enjeux spécifiques qui dépendent beaucoup des thèmes et personnalités locaux. Le LSAP par contre est convaincu du contraire : c’est sur le plan local que les socialistes peuvent prouver leur force et leur ancrage dans la population : après les élections de 2005, 26 maires et 43 échevins à travers le pays sont socialistes, dont quelques-uns règnent avec des majorités absolues, comme à Rumelange ou à Dudelange, ville d’Alex Bodry.
À partir de ce week-end, le sprint est donc lancé, les affiches nous promettent un engagement commun (DP), l’augmentation de la qualité de vie (Verts), une vision claire (CSV), davantage de considérations sociales (Gauche) et une prise en charge individualisée de chacun au sein de sa commune (LSAP). Pour plus d’un tiers des députés – 17 sont députés-maires, notamment des plus grandes communes du pays, d’autres en même temps échevins, presque tous ont un mandat local – il s’agit aussi de défendre leur job.