Facebook a lancé cette semaine son application de localisation, Facebook Places, un événement très attendu parmi les aficionados des réseaux sociaux. L’application automatise la mise en ligne, depuis un téléphone portable, de l’endroit où se trouve l’utilisateur. Avec la généralisation des smartphones dotés de GPS, une fonction suppléée le cas échéant par une approximation fondée sur une triangulation des cellules du réseau mobile, cette localisation des utilisateurs est une nouvelle frontière des réseaux sociaux : dans cette logique, renseigner ses « amis » en temps réel sur ses allées et venues, en privilégiant si possible les lieux prestigieux, est appelé à devenir un must.
Pour l’instant, la fonction Facebook Places n’est utilisable que depuis un iPhone (à moins d’utiliser le site mobile du réseau pour une entrée manuelle) et dans une partie des États-Unis seulement. Facebook a prévu de l’étendre graduellement aux autres plateformes et à l’ensemble des États-Unis – aucune date n’a encore été fixée pour les autres pays.
L’idée ne date pas d’hier, et plusieurs projets ont proposé cette fonction aux internautes mobiles ces dernières années. Google a tenté, avec son service Latitude, de l’intégrer dans la version mobile de son application Google Maps, avec toutefois un succès très limité. Des start-ups qui s’y sont mises ont mieux tiré leur épingle du jeu, le service le plus populaire étant sans conteste Four-square. L’application Foursquare est dédiée à la localisation, mais elle a réussi à ajouter à cette fonction une dimension ludique en proposant à ses utilisateurs diffé-rents titres et badges récompen-sant le nombre de « check-ins » effectués dans tel ou tel type d’en-droit, assortis, dans certains cas, de primes de fidélité. Elle est ainsi par-venue à réveiller l’instinct de collec-tionneur des internautes mobiles et à ajouter à l’écheveau des réseaux sociaux une couche de localisation vivante qui se conjugue sur Face-book et Twitter. Les check-ins, commentaires et conseils associés aux différents lieux recensés sur Foursquare, surtout des bars et restaurants, commencent à être considérés par leurs gestionnaires comme un patrimoine de marketing non négligeable.
Avec Foursquare, qui revendique trois millions d’utilisateurs, déjà bien installé sur ce marché, Facebook n’arrive-t-il pas après la bataille ? Pas nécessairement, puisqu’il a dans ses bagages la bagatelle de 500 millions de fidèles, selon ses propres indications. Compte tenu de l’histoire de Facebook en matière de respect de la sphère privée, il y a évidemment lieu de surveiller d’un œil de lynx les réglages par défaut que Facebook va assigner à ce nouveau service. Ainsi, les amis d’un utilisateur pourront lui assigner une localisation, même fantaisiste, en théorie sans lui demander son autorisation. Les mécanismes de fidélisation, notamment le titre de maire, très convoité dans certains lieux, semblent jouer en faveur de Foursquare, d’autant plus que pour l’instant Facebook Places n’a pas inclus ce genre d’extras. Répondant à un questionnaire en ligne du site Mashable, qui couvre l’actualité des réseaux sociaux, 57 pour cent des participants ont indiqué préférer Foursquare, 19 pour cent Facebook Places, huit pour cent affirmant utiliser les deux.
L’enjeu commercial de ces services est considérable, même si pour l’instant leur utilisation reste confinée à un groupe restreint de jeunes inconditionnels des réseaux sociaux. Mais pour certains bars à la mode, la localisation et les conseils ou recommandations qui les accompagnent sur Foursquare influencent d’ores et déjà la fréquentation. Il est donc probable que la bataille pour ce marché de la localisation aille en s’intensifiant au fur et à mesure que les utilisateurs moins branchés y trouveront goût, comme en témoignent les spéculations sur un possible rachat de Foursquare. En avril dernier, les gazettes en ligne prêtaient à Yahoo l’intention d’acquérir la société pour 125 millions de dollars.