Du 3 au 8 novembre prochain aura lieu la première Luxembourg Art Week. 19 galeries en tout, nationales et internationales venues d’Allemagne, de Belgique et de France, y participeront à la Halle Victor Hugo au Limpertsberg. Entretien avec l’initiateur de cette « foire d’art contemporain » inédite, qui fédère aussi le Salon 2015 du Cercle artistique (Cal).
d’Lëtzebuerger Land : Est-ce que vous pouvez nous raconter comment a mûri cette idée d’une foire d’art contemporain à Luxembourg ?
Alex Reding : Je voudrais tout de suite dire que c’est une initiative qui n’a pas été si longue que ça à mûrir. J’ai commencé à en parler à quelques personnes à l’automne dernier et j’ai réfléchi alors à comment mettre ça en place rapidement en fait. J’ai eu des retours positifs de la part de quelques-uns de mes confrères ici à Luxembourg.
Bien sûr s’est aussi posé la question de l’endroit. J’ai « traditionnellement » pensé au Cercle municipal, mais c’est un endroit trop exigu pour rassembler une manifestation que j’imaginais tout de même de grande taille. Et puis j’ai appris que le Cal n’avait pas de lieu pour son salon 2015. Le président, Jean Petit, s’est montré enthousiaste à l’idée de ce qui m’a alors paru comme un lieu évident : la Halle Victor Hugo qui est beaucoup plus grande. Dans le calendrier des manifestations, le créneau de la semaine prochaine était libre, je l’ai réservé et c’était parti ! Je sais que nous prenons un risque, puisque cela tombe dans les congés de la Toussaint, mais je suis un pragmatique : sinon, c’était reporter l’événement à l’année prochaine et je suis d’avis qu’il faut « battre le fer tant qu’il est chaud » comme le dit le dicton ! Et puis je ne suis pas un gestionnaire de foire qui monte un dossier, qui mûrit la chose pendant 18 mois pour mettre finalement une lourde machine en route qui en plus coûtera beaucoup d’argent… Ce n’est donc pas une « foire d’art » au sens strict du terme.
Votre invitation et les affiches mentionnent effectivement le Cal et l’Alac (Agence luxembourgeoise d’action culturelle). Vous ne craignez pas que ces acteurs « officiels » s’avèrent encombrants ?
Non, je préfère fédérer. Aussi, la structure de la Luxembourg Art Week est simple : le Cal et une structure beaucoup moins connue, mais qui fédère des gens sérieux depuis des années et qui s’appelle « artcontemporain.lu », une association qui fait le dépliant de nos galeries ou qui a publié le livre Art Inc. reprenant toutes les collections d’art contemporain au Luxembourg. Ces deux associations fournissent le contenu et la logistique sera assurée par l’Alac.
Vous ne craignez pas néanmoins que ça ressemble à la nième variante des foires qui désormais fleurissent dans le monde et en Europe ? Grandes et anciennes (la Fiac, Art Basel, la Frieze à Londres bien sûr), Istanbul qui est un des nouveaux lieux et qui a connu un grand afflux récemment ? Paris Photo est au programme la semaine prochaine…
L’envie a circulé effectivement auprès de certains d’une véritable foire avec beaucoup de galeries invitées. Mais à mon avis, le pays est trop petit pour ça. Ma consœur Erna Hécey avait, elle, eu l’idée de construire une variante fort intéressante, de l’événementiel de très haut niveau… Mais il ne faut pas se leurrer : le public que l’on peut fédérer à Luxembourg est quand même limité et l’écho est très faible à l’international. La grande manifestation organisée en 2007 autour de Hou Hanru n’a pas eu de retombées pour le Luxembourg...
Donc, restons modeste !
Oui et d’ailleurs la Luxembourg Art Week ne se veut pas une foire, mais une plate-forme de rencontre entre associations, entre galeries, entre artistes. En plus du Cal, il y aura un stand des Amis des Musées, Trixi Weis avec son « syndicat »... – je le répète, c’est une plate-forme.
Ce n’est pas une manière de camoufler une foire « light » dans un autre papier d’emballage ?
Oui, c’est une foire light qu’on emballe ! Mais tant mieux ! D’abord, on aura notre foire et deuxièmement, cet espace de rencontre va exister, il sera essentiel dans l’événement. Il y aura des conférences, il y aura des visites guidées… J’ai la prétention de dire que nous allons réussir ici à obtenir un équilibre subtil entre ces deux aspects.
Est-ce que vous avez pensé au-delà des frontières nationales ? À travailler avec la Grande Région ?
On n’a pas pu tout faire. Ce premier événement va permettre de voir si ça prend. Déjà, on a réussi à faire le grand écart en réunissant les amateurs d’art et les artistes amateurs (rire). C’est ça qui m’importait pour cette première fois. Car le paysage de notre public est fait ainsi !
Est-ce que la Luxembourg Art Week est considérée par les galeries locales comme un moteur ?
Oui, assurément. Nous sommes de petites structures. De type familial même. Et nous avons du mal, car nous n’avons pas les moyens de nous hisser au niveau de l’événementiel que l’on peut voir à Luxembourg, organisé par les banques notamment.
Si des galeries étrangères participent, c’est qu’elles y voient tout de même un intérêt !
Oui, car le Luxembourg a un marché d’art qui se développe, qui grandit. Et je pense que le panorama qui sera montré sera complet. J’ose même dire qu’il sera – incluons les galeries luxembourgeoise dans votre question ! – partagé. Au sens où il sera plus large que ne le conçoit le « créneau art contemporain » au sens stricte. Il y aura par exemple des multiples dans une gamme de prix abordables pour des jeunes qui veulent commencer une collection.