Le 2 décembre au Kultuhaus Niederanven a eu lieu la release officielle du second album du Marly Marques Quintet, Encounter. Enregistré en juillet dernier au Studio Kleine Audiowelt à Sandhausen, en Allemagne, cet opus fait suite à So ar sér publié en 2014. La salle de concert était pleine. La musique de la formation est chaude, colorée, résolument chaleureuse donc, et c’est ce qui a sans doute expliqué l’affluence ce soir-là. Marly Marques au chant, Jitz Jeitz au saxophone et à la clarinette, Laurent Peckels à la section basse, Claude Schaus au piano et enfin Paul Fox à la batterie ont interprété une bonne partie de leur répertoire, axant évidemment la performance sur le nouvel album.
Douze titres pour ce disque, deux reprises pour dix compositions originales dont la première qui démarre en trombe, Encounter, titre éponyme. Sympathique chanson qu’on fredonne après écoute, où le saxophone et la voix de la chanteuse s’affrontent dans un duel bienveillant. Le second morceau Lua, smooth jazz accentué par la mise en avant du Rhodes fait place à Metamorphoses où la clarinette est reine. Arrive River sprites, seule véritable fausse note, un gimmick au saxophone rappelant une chanson lambda d’un crooner dépassé gâche le tout. Patience rattrape le coche et coule sans problème, du easy listening comme on en fait trop peu au Grand Duché.
Le sixième morceau est un excellent réarrangement de Peel me a grape de Dave Frishberg, avec un tempo plus lent que la meilleure version, celle d’Anita O’Day. Cette capacité de s’approprier un standard prouve que le Quintet a sa propre patte, une empreinte musicale donc, que certaines formations n’arrivent jamais à obtenir. Résultant de leur complicité sur scène, cette touche si particulière atteint son apogée en concert où les musiciens s’en donnent à cœur joie pour improviser. À chaque live, en guise de rappel, ils interprètent leur reprise de Toxic de Britney Spears. Hymne dance-pop de la starlette qui acquiert avec le quintet une électricité et une sensualité d’un tout autre niveau. Sur le disque, une autre reprise pourtant, I’m a fool to want you, ballade de Frank Sinatra, Jack Wolf et Joel Herron, sans véritable intensité.
Healing fait suite, puis The House always wins, meilleur titre du projet, sublimé là encore en live par Marly Marques et le solo au saxophone de Jitz Jeitz. Suivent Gareth et Winter solstice, deux autres compositions du tandem Paul Fox, le batteur expérimenté de la formation, et Katy Fox. Sept titres ont été composés par le duo, une complicité familiale qu’on ressent à tout instant. La présence d’un livret contenant les textes aurait été bénéfique pour le disque puisqu’il est assez difficile de se concentrer sur les paroles, parfois très belles, lorsque les musiciens font du si bon boulot par-dessus.
Le disque est clôturé par Joyful du pianiste Claude Schaus, morceau instrumental sous-titré Never leave boys unattended in a studio. Le plus court titre, d’un optimisme sans pareil. Meilleur que le premier, cet opus marque une nouvelle étape dans le parcours du Marly Marques Quintet. Un répertoire qui s’aiguise petit à petit. Morceaux plurilingues, pour un mix équilibré entre musique du monde, easy listening et smooth jazz. Le disque n’a rien d’exaltant, mais a le mérite d’exister et de rivaliser, à sa petite échelle, avec les plus grands du genre.