Dialers

Machine à sous

d'Lëtzebuerger Land du 06.05.2004

L’une des « maladies électroniques » qu’un ordinateur peut attraper en accédant Internet est le « dialer », un exécutable surtout dangereux pour ceux qui sont connectés par modem/ISDN à une ligne téléphonique. Dans sa version la plus simple le dialer ouvre la connexion Internet non pas en utilisant le numéro normal, c-à-d celui du fournisseur de service de l’opérateur, mais en utilisant un numéro de téléphone à surcoût, opéré directement ou indirectement par le diffuseur du dialer. Deux cas de figure se présentent : Pour le premier, l’internaute est demandé en chargeant une page Internet, s’il veut oui ou non accéder à l’offre (en règle général il s’agit de contenu du type pornographique). Il est en outre avisé que cet accès nécessite l’installation d’un logiciel qui établit une connexion à surtaxe. Une pratique donc tout à fait légitime, car l’utilisateur doit consentir avant que quoi que ce soit ne soit installé sur son ordinateur. En outre à chaque établissement d’une connexion, il est averti que cette connexion engendre un surcoût. Il est donc libre de dépenser son argent comme bon lui semble. Notons que pour accéder à certains services « premium » la pratique du dialer est aussi retenue. Dans ces cas il s’agit de mises à jour de logiciels à travers une boîte à lettre électronique qui n’est accessible qu’à l’aide d’un dialer. Le surcoût sert dans ces cas à rémunérer la mise à jour du logiciel. Alors que le premier cas de figure n’est rien d’autre qu’une transaction d’affaire entre vendeur et acheteur, le terrain devient plus glissant dans le deuxième cas de figure. Nous pouvons le subdiviser en deux catégories. La première ressemble à notre premier exemple. L’utilisateur est averti qu’il faut installer un logiciel particulier pour aller visiter le contenu de ses rêves. La question des coûts est moins claire dans ce cas. Certes, l’internaute est agressé par 300 pages de conditions générales qui, à la page 299, parlent de « surcoût », mais soyons honnête : qui lit 300 pages de conditions générales ? Si juridiquement parlant le prestataire de service pourra dire que le client était informé, la question de la protection du consommateur reste néanmoins ouverte, la manière d’agir est au moins douteuse. Plus aucun doute sur l’illégitimité de l’action n’est laissé par la deuxième catégorie où, en utilisant des fonctions « confort » du navigateur Internet, le logiciel est installé clandestinement sur l’ordinateur de l’utilisateur, qui ne le remarque pas. Encore une fois la connexion vers le fournisseur de service est déviée vers une connexion à surtaxe. Dernière innovation dans la matière, les utilisateurs DSL et câble, jusque-là invulnérables à ces types d’attaques peuvent le devenir si leur machine est simultanément reliée au téléphone (par exemple, pour utiliser l’ordinateur comme télécopieur). Malgré le fait que la connexion Internet passe alors par le DSL ou le câble, le dialer se fait de temps à temps plaisir et appel son fournisseur faisant ainsi grimper la facture de l’utilisateur, qui ne le remarquera que lorsque le prochain décompte du téléphone lui est présenté. La première vague de ce genre de problèmes s’est présentée au Luxembourg en février. Les opérateurs ont eu des plaintes d’abonnés, qui ont remarqué des numéros « 900 » sur leur facture. (D’où l’intérêt de demander dans tous les cas une facture détaillée !) Il est très difficile de ranger ce qui s’est passé dans une des catégories car les informations sont trop vagues et les opérateurs communiquent à cet égard au compte-gouttes. L’origine du dialer aurait été retracée vers une firme d’origine autrichienne opérant à travers le réseau de MCI à Luxembourg. MCI, installé à Contern, a même été privé d’interconnexion avec le réseau P[&]T pendant deux semaines, en attendant qu’ils n’aient réglés le problème avec leur client. Côté P[&]T, le problème a été analysé au cas par cas, les utilisateurs pour lesquels on a pu prouver qu’ils étaient la victime d’un acte illicite ont été remboursés. Tele2 reconnaît aussi avoir connaissance du problème, mais ne semble pas avoir remboursé des clients. Côté ILR, l’on est surtout inquiet que la firme à l’origine n’avait pas de licence pour opérer un tel service. Néanmoins, la problématique des dialer intéresse aussi le régulateur qui attend l’apparition d’une charte déontologique. Pour les P[&]T, il y aura un addendum dans les contrats d’interconnexion interdisant l’utilisation illicite de dialer. En ce qui concerne la problématique au Luxembourg, les vagues se sont donc applaties. Depuis mars, il n’y aurait plus eu de nouvelles plaintes. Que les dialer aient pour autant définitivement quitté le Luxembourg est plus qu’improbable. L’auteur est journaliste à la Radio 100,7

À visiter : http://www.dialerschutz.de

 

Pascal Tesch
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