Tzeedee

Made in Lamy

d'Lëtzebuerger Land du 20.10.2017

Samedi 7 octobre au soir, dans le Klub des Rotondes. L’ambiance est tamisée, intimiste, tandis que les derniers arrivants commandent un verre au bar, le Greg Lamy Quartet monte sur scène. Les quatre musiciens viennent présenter leur nouvel opus, Press enter, disponible depuis juin dernier sur les principales plateformes en ligne. Le disque est sorti chez Igloo Records, label belge qui avait déjà publié Meeting, de la même formation, en 2013. Greg Lamy est évidemment à la guitare, Johannes Muller au saxophone, Gautier Laurent à la contrebasse et Jean-Marc Robin à la batterie. Le public est au rendez-vous bien que le concert débute timidement. Les spectateurs debout sont trop gênés à l’idée de s’approcher de la scène, mis à part une jeune photographe qui bondit, s’agenouille et se contorsionne d’un bout à l’autre de la salle pour obtenir le cliché parfait. Petit à petit, les choses s’arrangent et tout le monde semble satisfait, une femme se déhanche discrètement sur les élans sensuels de la guitare avant que le public finisse par ovationner le batteur qui propose un solo audacieux à la fin du show. La setlist se compose des morceaux les plus emblématiques de l’album mais aussi d’anciens titres du guitariste comme l’intéressant Paradoxe issu d’un précédent disque, What are you afraid of? paru en 2006. Mais pour revenir à l’essentiel, il convient de répondre à une question : que vaut donc ce nouvel opus ?

Composé de neuf morceaux, ainsi que d’un court titre bonus, Press enter se révèle être un album de bonne facture, tout en étant déséquilibré sur certains aspects, mais nous y reviendrons. C’est Control swift qui lance le bal, le morceau fort du projet, sans doute un des meilleurs titres de son auteur. Une technique impeccable au service d’une logique rythmique implacable. Le leitmotiv à la guitare est entêtant et les élans rock à la batterie qu’on entend au détour d’un riff strident ne font que gonfler l’attrait qu’on peut ressentir à l’écoute de cette belle entrée en matière. Changement de registre avec There will be, titre aux accents blues-rock, où la guitare développe toute sa puissance électrique, puis Le sujet, court interlude suave et lancinant. Le quatrième morceau A.-C., autre titre phare du projet débute par quelques inquiétantes notes à la contrebasse. Le plus long morceau du disque offre d’ailleurs un agréable solo au saxophone. Arrive Exit, qui affiche une certaine coolitude décomplexée, ça groove, là aussi le saxophone est roi. Sympathique sur disque mais d’une toute autre ampleur sur scène, où le saxophoniste, ce soir-là aux Rotondes, s’en donne à cœur joie. Les accents funk de la guitare se font ressentir.

Erase, sixième morceau, semble lent aux premiers abords. Ce morceau d’ambiance, qui coule sans véritable structure, offre un moment de contemplation avant le septième titre éponyme, Press enter. La guitare est saturée, un son résolument électrique là encore. Seules ombres au tableau les deux derniers morceaux. Le chien tout d’abord, une balade aux consonances blues sans grand intérêt par rapport au reste du disque. Enfin Blues for jean aux aspirations country électrique, musique qui paraît tout droit sortie d’un film américain cliché présentant un bar de gros loubards. Un titre d’une dissonance étonnante, qui plaira sans doute à certains et déplaira à d’autres. Un ultime titre (caché dans la version physique) D Blues conclut le projet sur une note plus swing, un son de big band qui dénote. Le fait que l’album démarre en trombe pour baisser progressivement en rythme et en originalité provoque une certaine sensation de déséquilibre. Malgré tout, et Press enter ne déroge pas à la règle, force est de constater que le Greg Lamy Quartet propose des disques qui sont clairement au-dessus de la mêlée autochtone. Du mastering au packaging, cet album dépasse le statut de simple disque de jazz made in Luxembourg. Preuve en est : d’autres présentations de Press enter sont prévues en France (Paris et Grenoble), en Belgique (Bruxelles) et en Italie (Milan, Villasanta et Bologne).

Plus d’informations : greglamy.com

Kévin Kroczek
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