« Don't believe the hype » chantait Olivier Treinen après que certains médias, dont le Land, eurent aimé son projet solo Lo-Fi, un peu trop, à son goût. Aujourd'hui, le même hype, le même buzz entoure la sortie du premier CD (sans titre) de Metro, le trio composé d'Olivier Treinen (chant, guitares, textes, compositions), David André (basse, compositions, backing vocals) et Mike Tock (batterie, compositions, backing vocals). La présentation du disque, demain soir au D:qliq, est attendue impatiemment par tous ceux qui avaient adoré le groupe depuis son premier concert en janvier 2005 au festival Odds and Ends à Esch, en passant par ses nombreuses apparitions live ou sur des compilations, comme celle de Nico (avec Exploding). Depuis lors, leur guitariste, Christian Clement les a quittés, ils ont traversé une petite crise identitaire – comment sonner comme un quatuor à trois? – jusqu'à ce qu'ils assument et revendiquent cette nouvelle formation de trio rock basique guitare-basse-batterie. Et il faut dire que l'attente en valait mille fois la chandelle. Leur CD est ze event de cet été, d'une élégance folle, d'une class sooo british, d'une intelligence exquise et d'une esthétique aboutie rarement atteinte dans nos parages – pour les design de la pochette, ils ont choisi Paul Kirps, qui a développé une police de caractères collant parfaitement au style de la musique. «Nous essayons de faire une musique sincère et droite,» résume Mike Tock. Et tout le succès de Metro est là: ce n'est pas le groupe d'un frontman qui change ses musiciens comme d'autres changent de chemise, mais il s'agit d'une addition de trois musiciens dont chacun apporte non seulement son instrument, forcément essentiel dans une formation aussi réduite, mais aussi sa touche individuelle dans le processus créatif. Il suffit d'écouter le disque pour s'en convaincre: la basse et la batterie sont fortement présentes dès les premières mesures et gardent leur importance tout au long, présence qui va au-delà du seul rythme. Les musiciens de Metro sont tous des journalistes érudits, Mike Tock est deejay, acteur et anime des émissions musicales à la radio 100,7, Olivier Treinen travaille dans la rédaction de RTL Radio Lëtzebuerg et fait des reportages culturels pour la télévision et David André écrit e.a. des critiques musicales pour le Land. Trentenaires et musiciens depuis une dizaine d'années au moins, ils sont chacun passé par plusieurs formations et ont perdu la naïveté des premiers pas sur scène, lorsque la musique s'épelle contestation – contre l'école, les parents, le système ou la cuite de la veille –, revendication ou ballades romantiques, leur pop-rock puissant et mélodieux n'est plus dupe, il s'assume et s'impose. Et parce qu'il est adulte, le rock de Metro s'avère particulièrement instructif pour comprendre la vie d'ici aujourd'hui. Car leurs chansons dépassent le seul et éternel motif du boy meets girl qui peuple l'histoire du rock. Il y a, dans les textes d'Olivier Treinen, une grande mélancolie, beaucoup de désillusion et parfois même du dégoût pour la société dans laquelle il vit: à l'encontre des workaholics cyniques qui travaillent dans les banques et amassent leur fric par n'importe quel moyen (Middlemen) ou pour la scène musicale locale faite de trahisons et de provincialisme (Provincial). So little décrit avec un minimum de moyens l'exercice d'équilibriste de la vie sur le fil, entre doutes, peurs, désir d'autodestruction et agressivité (All the beautiful people ou The Red Star Song). Mais l'understatement, la poésie âpre et le codage multiple des textes (références et clins d'œil) ne se révèle qu'à la seconde écoute. Le premier éblouissement, le premier enthousiasme est déclenché par la musique, brute et sophistiquée à la fois, sans fioritures, mais avec une variation incroyable et grande précision dans les riffs, les coupes et les bridges. Les deux chansons les plus abouties dans ce sens sont sans aucun doute The Red Star Song et Middlemen: introduction, rythme, chant, puis une coupe nette, reprise du motif central, chœur, re-rythme donné par la basse ou la batterie... L'orchestration est tout simplement époustouflante. Peut-être justement parce que toutes les chansons sont élaborées à trois et laissent donc une place égalitaire à chaque instrument. Le plus étonnant étant l'opposition entre l'ambiance des textes et celle de la musique. Il n'y a pas d'effets de styles dans Metro, pas de «tapis sonore», pas de samples, rien qui puisse rappeler la vague électro des années 1980, et, plus encore, 1990. Metro, c'est un pop-rock brut qui aime les mélodies – oui, oui, cela aussi, on peut l'assumer à l'âge adulte –, et les rythmes. Ce sont des chansons rigoureusement construites, simples, mais sacrément efficaces. Le son brut contraste avec la douceur de la voix d'Olivier Treinen, qui, par moments, frôle le David Bowie des premières années, ou à d'autres évoque celle de Robert Smith des Cure. «Nous ne voulons surtout pas nous fixer sur un seul style, estime-t-il, cela nous limiterait trop.» Sur leur site Internet, ils se définissent eux-mêmes comme étant du post-punk-indie, mais le côté ludique, jouissif de la pop a pris de l'importance depuis lors. Rien que leur nom indique que les gars de Metro rêvent toujours de carrière internationale, de pouvoir vivre un jour de leur seule musique. Leur CD en a vraiment le potentiel.
La «Tournée des Grands-Ducs» de présentation de leur premier CD mènera Metro demain, samedi 10 juin au D:qliq, rue du Saint-Esprit à Luxembourg (release), le 14 juin à la Rockhal, en avant-partie de Brian Jonestown Massacre, le 17 juin à la Fête de la musique à Dudelange, le 25 juin au festival Rock-A-Field à Roeser et le 2 juillet au Rock um Knuedler à Luxembourg. Pour plus d'infos sur le groupe : www.aboutmetro.net Le CD, dessiné par Paul Kirps, est en vente 12 euros aux concerts, et prochainement chez les disquaires.