Winged Skull, bastion du punk luxembourgeois nous avait habitués à d'autres breuvages. Plus versé dans les bastonnades punk, cavalcades hardcore et autres saccades ska, il nous sort de son giron habituel, en présentant le deuxième CD de Communicaution qui fleure bon le folk bucolique et bukowskien. Mais attention, le personnage qui se cache derrière ce crime de lèse-punkitude n'est pas le dernier des enfants de choeur. Attifé normalement en tant que chanteur et guitariste de Versus You, groupe de pop-punk luxembourgeois, il s'adonne ici à la virée en solitaire qui lui permet d'exorciser ses (vieux) démons. Guitare sèche et voix (dont les intonations rappellent le background punk du larron) sont les principaux artifices au service de chansons ba-siques aux arrangements spartiates d'où émergent ici et là un peu de piano, de percussion, voire une deuxième voix ou une guitare solo. En quatorze morceaux, pour une durée totale d'un peu plus de 34 minutes, This monkey is an artist nous donne un tour d'horizon ce qui préoccupe ce jeune homme énervé de 22 printemps. Car, même si l'ampli est débranché, le débit et l'intonation très énergiques déversent encore leur lot de bile et de frustration qui doivent étrangler au quotidien l'être humain qui se cache derrière Communicaution. C'est ainsi qu'il nous narre avec beaucoup de sincérité et sans ambages ses problèmes de boissons et de nicotine (soit dit en passant le thème récurrent de la plaque, avec ses Justification failed, Smile monkey smile, Situation,…), ses virées entre potes (Hell of a friend) ou encore certains problèmes relationnels (See you soon). Nous avons droit aussi à une reprise des Cars, le classique et indémodable Just what I needed. Rien de neuf sous le soleil, dira-t-on! Il est vrai que ces mêmes turpitudes figurent parmi les thématiques privilégiées des auteurs compositeurs et que même les plus grandes plumes s'y sont frottées. Qu'apporte alors un Communicaution aux rangs déjà serrés des chanteurs folkeux dévoilant leurs plus profonds sentiments? Eh bien, sa simplicité et son franc-parler dans la manière d'emballer ses textes lui donnent un capital sympathie non négligeable porté en cela par son jeu de guitare soutenu, bien que volontairement rudimentaire (punk oblige) qui ne faiblit pas tout au long de l'album. Le vieux cliché de la musique comme thérapie permettant de se débarrasser de son trop plein de frustration et d'énergie semble encore avoir trouvé ici une illustration assez saisissante et vraie et donc a encore de beaux jours devant lui. Saluons donc cet album ô combien sympathique qui, sans être renversant, tient la route. Mais l'intention est peut-être ailleurs et cet aspect rudimentaire, musicalement parlant, permet alors de mieux se concentrer sur ce qui constitue le nerf de l'album: le journal de bord et intime d'un jeune homme qui cherche sa place dans un environnement dont il ne maîtrise pas tous les tenants et aboutissants. N'est-ce pas un peu le cas de tout le monde?