Demain, samedi 11 mars, dès 19h30 pétantes, Couchgrass nous présentera à la Rockhal son deuxième album, le joyeusement bordélique King Camden took a brush and drowned his hair in gasoline (treize titres pour un peu plus de 45 minutes). Couchgrass est devenu, en l’espace de quelques années, ce qui est convenu d’appeler une valeur sûre (dis papa, c’est quoi une valeur sûre?) dans le paysage pop-rock du Luxembourg. Une troisième place au concours Emergenza 2003, un premier disque, Motel Love, en 2004, qui rencontrera un certain succès critique, de nombreuses premières parties de groupes internationaux et une cinquantaine de concerts au total, dont quelques festivals à l’étranger, où le public aura pu apprécier l’énergie positive que le combo dégage. Groupe mixte, Couchgrass nous livre un son influencé par le rock alternatif anglo-saxon des années 1990 tel que Hole période Live through this (une des égéries que la chanteuse a dû beaucoup écouter), L7, Magnapop ou d’autres chevilles ouvrières de la charnière grunge, le tout mâtiné de quelques incursions stoner. Mais est-ce que ce King Camden… est touché par le syndrome du pénible deuxième album, qui est souvent enfanté dans la douleur et qui ne correspond pas toujours aux attentes (pffff, encore un cas d’école parmi les clichés les plus tenaces)? Disons, pour couper court, que dans le cas de Couchgrass, ce n’est pas encore à l’ordre du jour car l’auberge espagnole King Camden… est joyeusement juvénile et régressive. Le groupe joue de manière débonnaire, s’amuse et passe du coq à l’âne entre les morceaux, ce qui se sent dans le tracklisting erratique. Mais le gros furoncle est la production pataude et brouillonne qui ne donne que peu de relief à l’ensemble. Cependant, malgré un maquillage bâclé, King Camden… arrive néanmoins à faire agir son charme. Dans un premier temps, seul le chant semble tirer son épingle du jeu. On ne peut, d’ailleurs, que saluer les prouesses du feu follet Amandine Klee, véritable gymnaste vocale, qui a su encore étendre son registre d’expressivité, ce dont elle abuse parfois. Les guitares de Claire Barthelemy et de Vicky Stoll sont bien acérées, crasseuses, alignent un riff saignant après l’autre et s’envoient l’un ou l’autre solo décalé. La section rythmique tenue par Claude Dernoeden à la basse et Dirk Kellen aux fûts est fluide, élastique et puissante. Parmi les morceaux proposés, retenons Rubber Tits et sa trompette triomphante; Aa où Courtney Love se serait sentie chez elle; le très réussi et fiévreux Me and the Kids; le passionné Happy Family, un placebo en beaucoup moins ampoulé; Bathtub qui évoque les vieux démons d’Elastica et de Lush; One Too Many, introduit par une Slide Guitar et qui débouche sur un final stoner; Don’t We et son final jazz de bar. Pour les autres morceaux, Couchgrass a tendance à trop jouer sur son image de dilettante et à se laisser dériver vers l’inabouti, sacrifiant ainsi l’une ou l’autre bonne idée. Et c’est dommage, car on les sent capables de tenir la distance, au vu des quelques fulgurances vues et entendues sur scène ou sur cette plaque. Mais ne boudons pas notre plaisir et espérons que ce n’est que partie remise ! Pour la soirée de présentation de cet album, Couchgrass a invité plusieurs groupes et un DJ. Dans le rôle des chauffeurs de salle, nous verrons donc dans le désordre l’électro-billy des Belges de Legoparty, au rayon local les sévèrement burnés Orange Squad et les trop rares Surf me up Scotty (et leur adorable bassiste). L’aftershow sera assuré par Monsieur 4000 plaques, j’ai nommé, Nicope alias Sonical, qui lancera le feu d’artifice final. N’oublions pas que le clou de la soirée sera représenté par ces dilettantes revendiqués, Couchgrass qui sont tout simplement imprévisibles sur scène. N’est-ce pas, après tout, ce que l’on recherche en tant que public toujours avide de nouvelles sensations – et aussi, une des meilleures façons de (re-) découvrir un groupe?