Quand il s’est établi en tant que galeriste, il y a moins d’un an, Gérard Valérius, jusque-là trublion de la vie nocturne et de RTL, avait pour principale ambition de se faire plaisir – et de faciliter l’accès à l’art pour ceux qui sont persuadés qu’ils « n’y connaissent rien » et ont peur de passer la porte d’un de ces temples de l’art que sont les musées et les galeries. Alors lui a mis des fauteuils colorés, même devant la porte par beau temps, et accueille les gens avec un sourire – et un café s’ils le désirent. Raillé par ses confrères et consœurs pour le supposé manque de sérieux de son approche – il vend des œuvres de second marché et a recours au système D pour la présentation (ah, les sculptures africaines posées autour de l’arbre à spots pour en cacher l’esthétique très Baumarkt...) –, le succès populaire lui donne raison : ses vernissages ressemblent davantage à des fêtes de quartier qu’à un événement mondain type Mudam, des gens de tous horizons y viennent par curiosité et il ne ferme que lorsque le dernier visiteur est parti, même à minuit s’il le faut. Comme lors du vernissage, fin juin, de The power of positive transformation des photographes Roger Wagner, Andrés Lejona et Romain Girtgen – qui sont parmi les meilleurs de leur génération.
Cette exposition commune fait sens parce que ces trois photographes partagent plusieurs choses : Sensiblement du même âge, soit avant l’avènement de la photographie numérique et des réseaux sociaux, ils ont en commun la passion pour la perfection technique de leurs photos et tirages. Et, surtout, une insatiable curiosité pour le monde qui les entoure. Alors que tous les trois travaillent aussi sur commande, ils montrent ici principalement des photos de voyages datant des quinze dernières années. Des plans larges surtout, de paysages, souvent européens, chez Roger Wagner par exemple, qui a sélectionné des montagnes enneigées et des plages prises au loin, en Suisse, en Italie ou en Grèce souvent, des ciels bleu clair avec quelques rares nuages bourgeonnants. Romain Girtgen, lui, nous emmène sur le continent africain, en Namibie et en Afrique du Sud, dont il montre surtout une nature majestueuse, alors que Andrés Lejona capte les lieux désaffectés bien de chez nous – postes-frontières ne servant plus ou ces bureaux du Centre Hamilius avant démolition. Comme si tous les trois nous invectivaient : Mais levez donc les yeux de vos écrans et regardez comme le monde est grand ! Gérard sert le verre de gin qui va avec ce moment de philosophie.