Falc’{ER}o : He’s lost. Premier ep de ce nouveau projet qui compte dans ses rangs Richard Falchero (chant et guitares), l’ancien chanteur de Stories to Tell, formation folk pop défunte et deux membres de Zap Zoo, Eric Falchero (grand frère et claviers), Jorsch Kass (percussions, tout en évitant soigneusement toute batterie classique).
L’aventure Stories to Tell a permis à Richard Falchero de s’affirmer comme auteur-compositeur convaincant, dont le talent n’a d’égal que la discrétion ! Ici, point d’esbroufe, de sentimentalisme ou de grande gueule, comme c’est malheureusement souvent le cas des songwriters locaux ! D’ailleurs, la seule extravagance que s’octroie le trio est une photo qui orne la pochette, où l’on voit un Richard Falchero, enfant, dans un costume trop grand pour lui, portant des lunettes embuées ; véritable leçon d’humilité et d’autodérision.
Il faut dire que son introversion et sa timidité ne lui coupent pas les ailes dès qu’il lance sa belle voix sur ses compositions empreintes de sincérité et écrites à hauteur d’homme. Une voix qui rappelle par moment le grand Robin Proper-Shepard de Sophia, de par la sobre et élégante mélancolie qui s’en dégage. Quant à ses thèmes, ils s’épanchent dans une approche intimiste sondant les abîmes quotidiens de l’existence humaine.
Si les morceaux sont construits sur une trame des plus classiques, guitare acoustique et voix, les arrangements sobres et imaginatifs de ses deux compagnons d’armes viennent enrichir la texture des compositions de Richard Falchero. Comme sur Amsterdam, où la guitare sèche et la voix ouvrent les débats avant d’être rejoints par un accordéon, des percussions et une guitare électrique.
Malgré les quelques grosses baisses de régime que sont You’re here et le morceau éponyme, He’s lost, blagues potaches qui n’auraient dû rester que des chutes de studio, ce mini-album recèle bien des moments forts. Ainsi Stand up from your table, dominé par des orgues chauds et ascendants, qui enveloppent la composition et la projettent dans des paysages folk. Let myself go est remarquablement mis sur orbite par une boucle de clavier à la Terry Ryley et une basse synthétique vrombissante, avant que les réverbérations stellaires appliquées à la voix prennent le relais dans cette montée vers les étoiles. Plus classique, 12 questions joue la carte nostalgique d’un country folk crépusculaire par le biais d’un orgue dylanesque avant qu’un chant désincarné et synthétique ne change la donne. Lancé par des claviers qui auraient leur place sur la B.O. de Clockwork Orange, Can’t you see bénéficie d’une introduction proprement poignante et prend aux tripes dans ses passages les plus oniriques, malgré des ruptures de tons qui sciemment cassent l’ambiance.
He’s lost nous montre des musiciens artisans sans aucunes autres pressions et envies que de se faire plaisir et de faire une musique intemporelle où le culte de la personnalité s’avère bien futile face à ces plaisirs humbles, sincères et simples mais primordiaux.