Lovers on a bad day est le premier album de Sulivan, formation luxembourgeoise émergeante du printemps 2008 avec les prometteurs Glitter and Trauma. Pour preuve, leurs passages sur certaines scènes et festivals locaux ainsi qu’une diffusion radio qui dépasse largement l’anecdotique. Proposant un rock pop mélodique et varié sur quatorze titres qui s’étalent sur moins d’une heure, le quatuor comprenant basse, batterie, guitares et voix allie ballades et titres plus enlevés avec un certain savoir-faire.
Savoir-faire on ne peut plus flagrant, mais cela ne suffit pas pour remporter notre entière adhésion. Pourtant, les atouts de Sulivan sont nombreux. Les compositions sont fluides, l’instrumentation et l’interprétation sont sans failles, les musiciens sont appliqués et impliqués, mais un peu plus de rage au ventre n’aurait pas fait de mal. Le groupe a trouvé en Johnny Gautier un troubadour buckleyesque et grandiloquent des temps modernes au tremolo omniprésent, excellente vitrine pour les compositions, qui se voient tour à tour magnifiées ou ridiculisées, certaines étant trop riquiqui ou humbles pour cette voix d’airain. D’ailleurs, les quatre derniers titres, un peu déplacés dans le contexte, car sonnant comme ajoutés à l’album, sont des ballades à la guitare acoustique où cette voix a tout le loisir de dévoiler tous ses attraits. Sinon, les influences de Jeff Buckley, d’Arid, de Travis, de Keane voire de Puressence semblent maîtrisées et digérée,s même si elles sont décelables. Ajoutons aussi le Radiohead d’avant Ok computer.
Mis à part Jeff Buckley et Radiohead, ils partagent avec ces groupes une propension à sonner comme des gendres parfaits et un peu inoffensifs.
L’album commence sur les chapeaux de roues avec Neon moonlight and black, single évident et accrocheur au rythme appuyé. Puis, les titres se suivent, alternant midtempi (Rough diamonds, You’re name’s not Emily), ballades (Sigh of the troubadour, She cries to me, 2005) et titres plus enlevés (So come on et son final épique, Don’t have time) avant l’escapade acoustique des quatre derniers titres. Or, malgré toute l’application et la bonne volonté affichée par Sulivan, cet honnête album devra se consoler d’un statut de second couteau devant l’effervescence d’une scène locale qui compte d’autres éléments autrement plus convaincants, inventifs, ou tout simplement et malheureusement plus flashy. Cet artisanat de bonne facture mérite pourtant plus que l’indifférence auquel il risque d’être confiné s’il ne montre pas plus les dents...