La rencontre de la magie et de la technologie

d'Lëtzebuerger Land vom 22.11.2024

Le développement durable n’est pas une option, c’est une direction incontournable, selon Virginie Ducommun. La fondatrice d’Indoor Forest, nous a accueillis dans ses locaux pour partager sa vision du développement durable et des bénéfices pour les entreprises de « se mettre au vert ». Cette société d’impact sociétal (SIS) est reconnue par le label « Impact Luxembourg ».

Mêlant technologie, science et bien-être, Indoor Forest est le terrain de jeu de cette entrepreneure engagée. Virginie Ducommun utilise à foison les mots magie et intelligence. « Parler de magie, c’est montrer l’ampleur des bénéfices tout en soulignant la simplicité d’utilisation », précise-t-elle. L’offre développée s’adresse autant aux particuliers qu’aux entreprises soucieuses de répondre à leurs obligations en matière de RSE (responsabilité sociétale des entreprises).

Rien ne prédestinait Virginie Ducommun, spécialiste du marketing de niche, à l’entrepreneuriat. Arrivée au Campus Contern il y a dix ans, elle s’est intéressée aux problématiques RSE dans le secteur du bâtiment, un intérêt qui s’est transformé en passion. Suivant son désir de devenir « actrice » plutôt que simple « supportrice », elle lance Indoor Forest en 2020, incarnant une nouvelle forme d’entrepreneuriat tourné vers la transition sociale et écologique. En tant que SIS, Indoor Forest répond aux obligations qui accompagnent ce statut, notamment la transparence et la réinjection des bénéfices dans l’entreprise.

En saisissant les opportunités rencontrées, Virginie Ducommun a développé une solution innovante pour optimiser les bâtiments, réduire leur consommation énergétique et améliorer la qualité de l’air intérieur. Celle qui se surnomme la « magicienne de l’impact » sur les réseaux sociaux est convaincue de la devise « faire plus avec moins », qui résume la sobriété qu’elle préconise. « La sobriété fait peur, mais si elle est pensée intelligemment, elle peut devenir un levier d’impact au quotidien », estime-t-elle.

Ce que la fondatrice définit comme la « magie » d’Indoor Forest repose sur le mariage entre la biotech et la high-tech. De ce mariage est né un système de capteurs multi-protocole, conçu en partenariat avec AIO Technologies. Les capteurs mesurent les paramètres environnementaux d’un espace, comme la qualité de l’air, la température ou les nuisances sonores. Les données collectées sont ensuite traduites en indicateurs exploitables, permettant aux entreprises d’ajuster leurs stratégies environnementales.

La partie biotech se cache derrière le nom d’Indoor Forest, la forêt intérieure, inspiré par son produit phare, « BioOrg ». Composée d’eau et de onze différentes souches de bactéries, cette solution promet une réduction de moitié des polluants présents dans l’air ambiant. Cette micro-biodiversité reproduirait l’atmosphère forestière, créant un environnement plus sain pour les occupants des locaux. La vaporisation est réalisée par Virginie Ducommun elle-même, munie d’un équipement porté sur son dos, qu’elle compare avec humour à celui des « ghostbusters ».

Breveté treize fois en Belgique où il a été conçu, ce produit y est actuellement le sujet de cinq thèses universitaires. Virginie Ducommun affirme avoir récolté les preuves scientifiques au fil du temps. « J’ai la preuve empirique que ça marche, grâce à mes années d’expérience à l’utiliser. J’ai pleine confiance dans ce qui est dit et ce qui est promis », avance-t-elle. En quête de validation par un organisme neutre et scientifique, Indoor Forest est actuellement en discussion avec le Luxembourg institute of Science and technology (List) afin de tester son produit et en récolter des données chiffrées et approuvées.

Virginie Ducommun a fait du bien-être sa préoccupation principale et la qualité de l’air est son angle prioritaire pour y arriver. Elle insiste sur l’influence de l’atmosphère d’un espace de travail sur la performance des employés. « La qualité de l’air est une ressource vitale. Avec nos solutions, nous contribuons à un cadre de travail plus sain, tout en aidant nos clients à atteindre leurs objectifs environnementaux », vante-t-elle.

L’entrepreneure aspire avant tout à sensibiliser et éduquer les entreprises sur l’importance de la durabilité, une démarche qu’elle qualifie de sustainability empowerment. Son but est d’autonomiser ses clients pour qu’ils trouvent eux-mêmes des solutions qui améliorent leur empreinte écologique. Cette ambition peut surprendre venant d’une entreprise prestataire de services. « L’impact est justement là : Le but n’est pas de vendre. Bien sûr, il s’agit aussi de vendre, mais c’est surtout de créer un changement. »

Selon elle, investir dans des initiatives sociales et écologiques constituerait un véritable levier de pérennité de l’entreprise. « Se mettre ‘au vert’ est un investissement dans le bien-être de ses employés, dans l’image et l’attractivité de l’entreprise. Au-delà des bénéfices écologiques, cela permet d’attirer et de garder les talents tout en réduisant les dépenses énergétiques. Il ne faut pas dépenser pour dépenser. Il ne faut pas se mettre dans le rouge pour faire du vert. Il s’agit de grandir autrement, de manière intelligente », plaide Virginie Ducommun.

Alors que la pression réglementaire et les attentes des consommateurs en matière de durabilité continuent de croître, adopter des pratiques plus vertes peut devenir un véritable avantage compétitif. Pour Virginie Ducommun, il est évident que le développement durable n’est plus un choix, mais une transition inévitable. Elle encourage les entreprises à s’emparer du sujet et à profiter des avantages qui découlent d’une transition « verte ». La « magicienne de l’impact » conclut : « Ce que je fais n’est peut-être pas grand-chose, mais ça a le mérite d’exister. J’y crois. Ça m’amuse. Et je suis contente de l’impact que ça a. »

Fiorila Hell
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