Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) constitue un secteur clé du développement économique européen. D’après les statistiques de la Fédération de l’industrie européenne de la construction (FIEC), le secteur représente plus de 44,6 millions d’emplois, faisant de lui le premier employeur en Europe. Il est constitué d’un réseau d’environ trois millions d’entreprises, dont la majorité (95 pour cent) emploie moins de vingt collaborateurs, plaçant les petites et moyennes entreprises (PME) dans une position capitale.
De récentes études ont montré que la construction demeure l’un des secteurs les plus exposés à la corruption. Ceci s’explique notamment par certaines spécificités, telles que l’unicité, le poids financier et l’étendue temporelle de chaque projet. Néanmoins, les acteurs du secteur se veulent de plus en plus enclins à adopter des compliance programs, c’est-à-dire des programmes internes mis en place à la fois par les maîtres d’œuvre et les maîtres d’ouvrage pour contourner les cas de corruption. D’après le rapport Transparency International Corruption Perception Index, portant sur tous les secteurs, le Luxem[-]bourg fait figure de bon élève en matière de lutte contre la corruption, en comparaison à ses voisins belges, français et allemands.
Du fait de leurs exigences techniques et des imprévus pouvant sub[-]venir dans un contexte économique souvent instable, les projets de construction requièrent une phase de planification détaillée. Néanmoins, il arrive qu’estimations initiales et réalité du temps entrent en contradiction en raison du dé[-]calage entre planification et exécution du projet.
Avec 1 000 entités concernées, tous secteurs confondus, le marché luxembourgeois a atteint en 2011 un niveau record en termes d’insolvabilité En dépit des récentes déclarations de la presse nationale concernant l’insolvabilité des sociétés Socimmo et Pedinotti, le secteur du BTP se porte bien au grand-duché.
Force est ainsi de constater que le risque d’insolvabilité est relativement élevé dans le secteur, alors que les barrières à son entrée restent faibles. Par conséquent, le risque d’insolvabilité est contrebalancé par la création de nouvelles d’entreprises, qui représentent ainsi dix pour cent des acteurs du secteur du BTP au Luxembourg.
La construction et l’exploitation de bâtiments ainsi que la transformation et le transport des matériaux représentent respectivement 40 à 45 pour cent et cinq à dix de la consommation d’énergie en Europe. Le secteur du BTP et de l’immobilier en général est considéré comme un acteur stratégique veillant à la promotion d’une approche éco-efficiente et à l’élaboration de solutions durables. Eu égard à la prise de conscience par le maître d’ouvrage des coûts engendrés par un bâtiment, notamment dans sa phase d’exploitation, le marché a adapté son comportement. Aujourd’hui, les travaux concernent davantage la transformation de bâtiments déjà construits.
Après des années de fluctuations de la demande et de baisse des revenus, l’année 2012 s’annonce plutôt stable. La reprise économique attendue en 2013 pour certains membres de l’Union européenne s’avérera bénéfique au secteur mais n’impliquera pas forcément une augmentation des marges.
Par conséquent, les difficultés macroéconomiques de la zone UE, en particulier la crise de la dette publique, se traduiront par une baisse des revenus à court et moyen termes, notamment pour les marchés irlandais, espagnol et portugais.
L’analyse du marché européen montre que cette baisse a deux composantes à tendances opposées : la première, la diminution des volumes de nouvelles constructions compensée en partie par la deuxième, une croissance des investissements relatifs aux biens existants. Ces derniers concernent les travaux entrepris pour transformer les bâtiments existants conformément aux contraintes écologiques actuelles et futures (green building).
De manière générale, le secteur du BTP fait face à des difficultés s’expliquant notamment par la complexité accrue des projets dans un contexte d’internationalisation. La conduite des projets est largement déterminée au cours des phases de planification et d’exécution, ce qui limite la marge de manœuvre du gestionnaire en cas d’évolution des conditions initialement prévues. Par exemple, la volatilité des prix de matières premières et de l’énergie, difficilement prévisible, peut impacter le calcul global du coût du projet.
Le secteur de la construction se comporte certes de façon pro-cyclique, mais avec un décalage temporel entre les fluctuations économiques et leurs conséquences sur le secteur du BTP.
Comme le montre le passé, les acteurs économiques ont tendance, en temps de crise, à perdre confiance en la stabilité monétaire, ce qui favorise les investissements dans des biens immobiliers résidentiels, bénéficiant ainsi au secteur du BTP.
Les solutions proposées pour maintenir les parts de marché et améliorer la rentabilité peuvent prendre les formes d’internationalisation, de diversification ou encore de spécialisation des activités.
Les entreprises ayant bien réussi en période de crise sont à la fois des acteurs locaux ou nationaux, mais aussi des acteurs mondiaux ne réalisant que partiellement leur chiffre d’affaires dans leur pays d’origine. Face aux économies émergentes, notamment asiatiques, la stagnation voire la faible croissance des pays de l’Europe de l’Ouest encourage ces derniers à tendre vers l’internationalisation. La répartition du chiffre d’affaires des leaders européens du BTP montre ainsi qu’en moyenne 50 pour cent de l’activité est générée par des projets de construction à l’étranger.
Au delà de la diversification géographique, les constructeurs tendent également vers une diversification de leur portefeuille d’activités pour surmonter les difficultés actuelles. La prestation de services en amont et en aval de leur cœur de métier permet de générer des marges plus importantes. Ainsi, certains groupes mondiaux disposent désormais de capacités d’exploitation et de gestion de biens immobiliers, ce qui fait d’eux des prestataires multiservices. Les services offerts recouvrent le développement de projets et la gestion de concessions tels que l’exploitation d’aéroports ou encore l’exploitation d’autoroutes ou de parkings. Ces dernières garantissent en effet des revenues stables sur le long terme sur base de conditions contractuelles. La comparaison des marges au niveau mondial montre que les acteurs, ayant opté pour une diversification de leur portefeuille d’activités, réalisent des marges plus importantes. Toutefois, ceux-ci doivent faire face à une difficulté supplémentaire et à un taux d’endettement plus élevé.
Au-delà de la diversification géographique et/ou des activités, certains optent pour un positionnement sur des produits de niche, tels que les travaux publics spécialisés ou le domaine de l’immotique.
En termes de financement, les acteurs de la construction sont confrontés à des difficultés tels que le risque de préfinancement, l’instabilité pesant sur les calculs initiaux, la concurrence des prix et l’accès aux capitaux empruntés.
Selon la nature du projet de construction, le constructeur doit assumer un certain montant de préfinancement pouvant s’avérer important. En cas de litiges, à l’achèvement d’une partie ou de la totalité des travaux, le préfinancement peut se prolonger et impacter la gestion de trésorerie du constructeur. D’autre part, ce dernier peut être confronté à une ré-estimation défavorable des calculs initiaux. Un marché à la baisse ou avec une croissance moindre, engendre souvent une concurrence des prix et si de surcroit, l’accès aux capitaux s’avère limité, la stabilité financière peut être menacée.
Par conséquent, le secteur du BTP se caractérise par le faible volume de ses capitaux propres (entre dix et vingt pour cent pour les PME, jusqu’à 30 pour cent pour des structures plus importantes), ce qui le rend plus vulnérable en période de crise. Dans ce contexte, il convient de souligner l’importance du pouvoir public dans son rôle d’adjudicateur et notamment l’impact que peuvent avoir les paiements tardifs sur les PME. À cet effet, il est prévu de transformer une initiative européenne en loi nationale à l’horizon 2013 (directive 2011/7/EU « Lutte contre le retard de paiement »).
D’après les publications du Statec concernant l’année 2010, le secteur de la construction au grand-duché compte environ 3 000 entreprises, ce qui représente un effectif de 38 700 employés. La plupart de ces acteurs interviennent au niveau national et dans la Grande Région.
L’activité du secteur au niveau national s’avère plus élevée que celle des voisins européens. En outre, le Luxem[-]bourg opte de plus en plus pour des modèles d’adjudications coopératives comme la procédure négociée, permettant aux acteurs de se positionner à travers leur expertise technique et leur potentiel d’innovation, évitant ainsi une concurrence uniquement basée sur les prix.
Par conséquent, les acteurs luxembourgeois, considérés comme PME à l’échelle de l’Europe, interviennent davantage sur le marché local au détriment d’une stratégie d’internationalisation.
En dépit du nombre récent d’entreprises insolvables sur le marché luxem[-]bourgeois, ce dernier offre des perspectives prometteuses aux acteurs optant pour une gestion des risques adéquate.