Les conditions de vie en prison et la réinsertion des détenus sont des sujets qui doivent être maintenus en discussion, estime led éputé vert Felix Braz. Mercredi, lors d’une conférence de presse,le député précisa ce qu’il avait déclaré au parlement le 13 mars dernier. Effectivement, si la discussion n’est relancée qu’à chaque évasion ou incendie, elle risque vite de retomber dans l’oubli.Un bel exemple est la tragédie autour de l’unité fermée pourles mineurs détenus à la prison de Schrassig. Elle concerne unedouzaine d’individus au maximum. La décision de la construire àDreiborn fut prise il y a quatre ans. Après une partie interminableoù ministère et commune se sont renvoyés la balle, ils auraientenfin trouvé un terrain d’entente début 2007. On attend la posede la première pierre. À ce rythme-là, il est fort probable que lesjeunes concernés aient soufflé leurs 18 bougies. Avec une vraieformation de délinquants et de réelles perspectives de carrièreet, à la clé, le retour à la case « Schrassig ».
Pour désengorger le centre pénitentiaire, les autorités sontmaintenant à la recherche d’un site pour y construire une maisond’arrêt pour prévenus. La commission Juridique du parlement doitd’abord en définir les critères pour désigner ensuite la communequi sera plus ou moins forcée d’accueillir la maison de disgrâcesur son territoire : en périphérie de la Ville de Luxembourg, avecaccès aux grands axes routiers pour le transport jusqu’à la Citéjudiciaire, de préférence sur un terrain dégagé, éloigné des agglomérations.
Il n’y en a pas 36. Le député CSV Patrick Santer, présidentde la commission Juridique, envisage la possibilité d’un stimulant financier pour la commune qui ne comprendrait pas l’intérêt public de la construction d’une maison d’arrêt sur son territoire (d'Wort, 22.01.07), car « ce n’est pas la première fois que la fin justifie les moyens ».
On s’attend à des lettres à la rédaction enflammées, des listesde pétition interminables et des Biergerinitiative dont le leadermenacera de créer son parti politique. Ou bien un engouementsoudain des communes potentiellement désignées pour le « pactelogement » du ministre Fernand Boden pour peupler rapidementtoutes les parcelles de leur territoire qui perdrait en attractivitéet en valeur avec une telle maison d’arrêt dans les parages.Retour à Schrassig, le centre pénitentiaire au bord de l’asphyxie.Le ministre de la Justice, Luc Frieden, compte y investir cinq millions d’euros dans un plan de sécurité : adaptation du systèmede vidéosurveillance, dispositif anti-hélicoptère, installation derouleaux de barbelé sous tension électrique, grillage des fenêtres,nouveau portail d’entrée etc. Il verrait bien le tracé d’un nouveauchemin de ronde autour de l’enceinte, mais là encore, le gouvernement se heurte au problème de l’acquisition de terrains.De toute manière, le centre pénitentiaire n’a pas été conçupour être une prison à haute sécurité. Investir davantage dansles systèmes de surveillance n’évite pas les tentatives d’évasion,estiment de leur côté les députés Felix Braz et Lydie Err (LSAP).
Il faudrait plutôt mettre l’accent sur la formation, l’encadrementet le suivi des détenus lorsqu’ils sont remis en liberté. Or, cetaspect-là a été totalement négligé jusqu’à présent, les effortsdes dernières années se sont concentrés quasi exclusivementsur le secteur répressif : plus de policiers, plus de magistrats,plus de surveillants, plus de matériel de sécurité. Plus de détenus.Mais le personnel encadrant comme les psychologues, éducateurs,enseignants ou assistants sociaux, n’a pas été adapté.
On se retrouve avec une atmosphère pesante et une gestion aujour le jour des difficultés liées au monde carcéral. Dans l’attentedu désengorgement les lieux par la construction du centre derétention pour les demandeurs d’asile déboutés, l’unité de sécuritépour mineurs de Dreiborn et la maison d’arrêt pour prévenus.Encore des investissements dans la pierre.
Jeannot Schmitz, le président de l’association Info Prison, résumele problème en une simple phrase (Télécran 14/07): « Cent récidivistes présentent un risque beaucoup plus élevé qu’un seulévadé. » De simples dégâts collatéraux ?