Le Sobogusto, rue de Bouillon, est plein à craquer le dimanche 6 mai au soir. Se déroule en son antre une nouvelle édition des Luxembourg Nightlife Awards. Depuis sept ans, la cérémonie récompense les bars et les DJs actifs dans le milieu noctambule du Grand-Duché. Une soirée branchée qui accueille chaque année plusieurs centaines d’invités « triés sur le volet ». D’aucuns pourraient se demander quel est au juste l’intérêt de ce genre de soirée mondaine et sponsorisée à l’excès. Outre l’autosatisfaction que peuvent ressentir les quelques décideurs et entrepreneurs qui se partagent d’une année à l’autre les mêmes prix, la soirée représente aussi l’occasion rêvée pour distribuer ses cartes de visite. Le cadre des lieux, à l’origine très classieux avec ses lustres de bon goût, ressemble à une image d’Épinal. L’ambiance est évidemment festive et colorée. Une avalanche de sponsors donc au risque de subir une crise d’épilepsie dû au trop plein de publicités aux couleurs criardes qui sont placardées.
C’est Gabriel Boisanté, acteur et entrepreneur, qui est en charge de la présentation. En bon maître de cérémonie, il charrie gentiment les nommés. Ces derniers sont justement divisés en clans. Chaque tablée est composée des équipes des établissements sélectionnés. Tous arborent fièrement sur leurs tenues les logos de leurs enseignes. L’équipe du Melusina, particulièrement démonstrative est à l’entrée. De part et d’autre, les employés de l’Ennert de Steiler, du Tube, du Hitch et ainsi de suite. Les concurrents se toisent et se provoquent dans un esprit plutôt bon enfant. Finalement le palmarès est assez anecdotique, on y retrouve les habitués. Le Hitch et le Soho raflent quelques prix. Arrive la catégorie récompensant les meilleurs bars à vins. Vinoteca obtient la palme et Thibaut Thirion, qui représente l’établissement ce soir-là, monte sur scène récupérer son dû. Moyennement à l’aise face à cet excès d’attention et de gentillesse, il se dit satisfait, Vinoteca était sur la deuxième marche du podium en 2017 et sur la troisième en 2016.
Un prix spécial du jury est attribué à feu Luxuriant, le magazine qui était friand de festivités. Alors qu’habituellement, les bars de province sont oubliés au profit des pubs tendances de la capitale, le Café du Gymnase (Diekirch) et le White (Foetz) sont récompensés. Justement, l’équipe du White, fraichement sacré meilleur night-club du pays, envahit la scène. Lâcher de confettis, le champagne est sabré, des trompettistes jouent par-dessus la musique diffusée. Forcément, les laissés-pour-compte ruminent. Certains critiquent les copinages ou les subjectivités des membres du jury. Un homme au bar déclare éméché : « La cérémonie est politique, les communales c’était de la rigolade à côté ! ».
Dans une autre perspective, la soirée est aussi la grande messe des DJs. Yaneek, qui est en résidence au M Club fait un doublé, coup de cœur du jury et du public, pour la deuxième année consécutive. Un DJ dissident, non retenu, critique encore le processus de sélection et le système des votes en ligne. Vers 23 heures, les lieux sont sans dessus dessous. Un début de rixe s’annonce sur la piste de danse, les vigiles interviennent. La foule se disperse. Les plus téméraires s’en vont bientôt au Saumur Crystal Club où un after est prévue. Mais ça, c’est une autre histoire.