Avec l’ouverture prochaine du Cité, la vie d’Anouk Wies prend une nouvelle tournure. Récemment nommée responsable du programme culturel et de conférence du Cité, au sein de l’Agence luxembourgeois d’action culturelle (Alac), bientôt élargie au Cercle, elle se réjouit de ce nouvel outil « qui doit amener de la vie et de l’animation au centre ville ». En lieu et place de l’ancien cinéma du centre-ville, la bibliothèque municipale a déjà trouvé son écrin. Le 15 janvier, le Cité ouvrira officiellement ses portes et le lendemain, la journée portes ouvertes devrait permettre aux curieux de découvrir les lieux, même si un début de programmation a déjà commencé. Après une reconstruction due aux architectes eschois du bureau Beng, le Cité offre un auditorium de 142 places, intégré à une sorte de bulle ultra-contemporaine en acier. L’endroit accueillera des concerts, des conférences ou des projections et sera ouvert à la location. Le restaurant-bar Aka Cité, géré par la bande du Ikki de Clausen (Steve Darné, Jean-Claude Kolbach et Olivier de Bruyn), proposera le premier train à sushi de Luxembourg, mais aussi de la petite restauration et une ambiance lounge.
Responsable de la programmation et de la location des salles, y compris celles du Cercle qui rouvrira en 2011, Anouk Wies réoriente aujourd’hui sa carrière. Il faut dire qu’à 35 ans, elle a déjà eu plusieurs vies qui, toutes, vont dans le sens de la création et du contemporain. Après des études en arts appliqués à Paris, elle enchaîne divers stages dans le monde culturel, dont le Casino Luxembourg, à l’époque de la biennale Manifesta, puis un autre à la Fondation Cartier et même au MoMA de New York. « L’art contemporain me touche et m’intéresse parce qu’il parle d’aujourd’hui, utilise des médias plus vivants et concerne un public plus jeune, moins conservateur, » explique la jeune femme. De retour en Europe, c’est au Mudam – bien avant l’ouverture – qu’elle décrochera un travail, avant de rejoindre son compagnon au Canada, où elle reprend des études en gestion d’organismes culturels. C’est dans ce cursus qu’elle découvre sa fibre entrepreneuriale et se prend au jeu quand il s’agit de faire « comme si » elle créait sa propre enseigne. « C’était plus facile à envisager à Luxembourg, où j’ai des contacts et où je connais mieux la situation ». Il faudra cependant quelque temps pour qu’Anouk Wies et son associée Anne Kieffer ouvrent la boutique Usina. Pendant les travaux, elle retourne au Mudam, au moment de l’ouverture et affine le concept de sa boutique.
Voulant à tout prix rester dans le domaine de la création contemporaine, l’idée de vendre des objets design, de la décoration et du petit mobilier s’est imposée très vite, même si elle « aurait voulu un coin galerie, mais c’est trop petit ». Misant sur une sélection internationale tout en offrant un espace aux créateurs locaux, la boutique a ouvert en 2007 et est vite devenue une référence pour tous les artistes, graphistes et cultureux branchés, une sorte de Colette luxembourgeois en référence au concept store parisien qui fait courir les fashionistas de la planète. Ainsi, c’est chez Usina que les parfums et accessoires Comme des Garçons ont fait leur apparition à Luxembourg, tout comme les prototypes des chaises Big Game, le mobilier de Marcel Wanders ou les bijoux de Marc Newson. Côté luxembourgeois, on lorgne sur les broches d’Anne-Marie Herckes, les créations en tissus d’Anatoli ou les sacs Welcome to Mupp en agneau.
Malgré cette reconnaissance, le commerce n’est jamais un secteur facile. Foires et salons, recherches sur internet, contact direct avec des artisans, produits sur-mesure… c’est la curiosité et l’ouverture d’esprit qui guident Anouk Wies dans sa sélection. Elle adore le contact avec la clientèle à qui elle peut parler de chaque produit et décrire sa provenance et sa fonction, le travail de son créateur ou les matériaux utilisés. Tout en restant associée au magasin et totalement impliquée dans les collections, voire dans la vente quand elle peut, voilà donc qu’Anouk Wies se dirige vers un nouveau défi au Cité. « Je trouvais intéressant de dynamiser le centre ville et de s’ouvrir à tous les publics. » Elle espère pouvoir organiser des expositions, attirer des jeunes créateurs et renforcer l’image de Luxembourg comme une ville dynamique.