Walter: Früher war alles besser. Das weiß jeder, der alt ist, und die Jungen hoffen es womöglich zumindest. Da sitzt man ein ganzes Wochenende lang hinter einem Büchertisch und verkauft gerade mal ein halbes Dutzend Exemplare. Oder weniger. Aber was haben wir grumpy old men auch überhaupt noch in diesem ganzen Literaturzirkus zu suchen?
Am Donnerstag Abend verkündet also Susanne Jaspers, Autorin, Lektorin und Vorsitzende des Verlegerverbandes den Preisträger des diesjährigen Luxemburger Buchpreises in der Kategorie „Literatur“: Claudine Muno für Dat klengt Buch vun der Doudangscht. Auch der von Ultimomondo vergebene Luxemburger Bücherpreises (ja, alter Freund, der Teufel steckt im Detail) ging letztens an eine Gewinnerin: Corina Ciocârlie. Da gibt es kein Halten. Um im luxemburgischen Literaturbetrieb Erfolg zu haben, muss man offenbar eine Frau sein. Jahrelang hielten wir den krausen Revoluzzerliteraten aus Nospelt für einen von uns, doch dann stellt sich heraus: Der ist auf den fahrenden Zug aufgesprungen und hat pünktlich zu den Walfer Bicherdeeg seinen dritten Roman, Am Bësch, als „Tania Naskandy“ veröffentlicht. Hast du den schon gelesen?
Jack : Ah non, mais il faut dire que j’ai un peu perdu le fil ces derniers temps. Son troisième roman tu dis ? Mais il vient de recevoir le Servais pour son premier, il y a quelques mois, il me semble. Je m’en souviens encore comme si c’était hier, lui debout, la voix nasarde et glaciale, à vitupérer contre la Ministre qui était assise à trois mètres de lui, pétrifiée. Il y avait de la tension dans l’air, je te dis. D’ailleurs, c’est la seule chose qu’il semble y avoir dans l’air récemment, dans ce milieu littéraire. J’y étais, moi, à la remise de ce « Buchprais », jeudi dernier. T’aurais dû les voir, l’un après l’autre, montant sur la petite scène, dénonçant à qui mieux mieux non seulement la politique culturelle autochtone, mais également le manque de visibilité du live luxembourgeois dans les librairies, ou encore les actes de sabotage des collègues éditeurs.
Cette Susanne Jaspers était particulièrement drôle lorsqu’elle accusait le ministère de l’Éducation de négligence, dans cette affaire d’anthologie littéraire que ce dernier voulait constituer sans réellement demander la permission des maisons d’édition ou des auteurs, c’est-à-dire en oubliant (ou faisant semblant d’oublier, que sais-je, c’est la crise pour eux aussi) qu’il y avait ce petit quelque chose qui s’appelle les droits d’auteur. « Déi gelungen droits d’auteur », a dit Susanne Jaspers. Ça m’a bien fait rire.
Bon, bref, tout ça pour dire qu’il y a pas mal de querelles dans ce milieu. Je n’ai pas tout compris, mais il me semble que ce soit, à la fin, une histoire de sous. On accuse la Fédération de monopoliser tous les subsides de l’État et donc toutes les foires du livre à l’étranger, ou quelque chose dans ce genre. Mais c’est comme tu dis. Il y a seize ans, les Walfer Bicherdeeg sont nées d’une idée, ou plutôt d’un besoin que ressentaient des gens comme Nic Weber ou Lex Jacoby. Maintenant, regarde-moi ce cirque ! J’ai l’impression que, aujourd’hui, ce besoin existe toujours et que les choses ne font qu’empirer avec ces insidieuses discordes dont le milieu éditorial ne semble pouvoir se débarrasser. Et la littérature dans tout ça ?
Walter: Das kann ich Dir sagen, mein Bester: eingezwängt zwischen Stapel von Pappkartons und anderem Altpapier. Die Veranstalter dachten wohl, die Besucher kämen hauptsächlich, um sich tütenweise abgegriffene alte Taschenbücher zusammenzukaufen. Was sie auch taten. Konsalik und Konsorten für einen Euro das Stück, was wohl gerade in Krisenzeiten besonders ansprechend sein mag. Dazu zerfledderte Kitschromane in rauen Mengen. „Auch die Geschmacklosen haben nicht alle denselben Geschmack,“ schrieb schon Erasmus in seinem Lob der Torheit. Übrigens gab es ein großes Angebot an zum Teil vergriffenen luxemburgischen Büchern.
Allerdings war die Idee, Bücherflohmarkt und Verlagspräsentation zur Symbiose zu zwingen möglicherweise doch nur mittelprächtig, und das nicht nur, weil Guy Helminger zwischen den Flohmarkttischen fast nicht zu finden war. Immerhin ein Suhrkamp- und Eichbornautor. Ich freue mich ja auch, wenn ich einen Geschichtsschmöker von Calmes auftreibe, der mir noch in meiner Sammlung fehlt, aber dem Anschein von Ernsthaftigkeit hätte eine Trennung zwischen Buchmesse und Wühltischlabyrinth ganz gut getan. In einer der Hallen gab es übrigens überhaupt keine Bücher; ich weiß nicht, ob Dir das aufgefallen ist. Musik! Das heißt: Mehr so ein neumodisches elektronisches Gewummer, das einem auch ohne Hörapparat durch Mark und Bein ging. Zum Glück spielte in den Bücherhallen die altbekannte Blaskapelle lustige Volkslieder. Die mag ich am liebsten.
Jack : Oh oui, moi aussi. J’adore leurs jolis habits bigarrés. On dirait qu’il s’agit des mêmes accoutrements depuis au moins une demi-douzaine d’années. À t’entendre te plaindre sur le côté un peu ringard ou un peu « puces » des Bicherdeeg, tu as vu le stand des éditions Binsfeld ? Il était tellement bien fait qu’il faisait tache, avec ses élégants fauteuils, son espace lounge, ou comment disent les jeunes de nos jours, ses serveurs agités qui servaient des verres de crémant, le tout délimité par une espèce de rideau de tiges blanches, et bien équilibré, moderne, design. Je me suis cru au Salon du livre de Paris, pour un bref instant. Il faut dire que Binsfeld, c’est aussi une agence de communication et de marketing. Ils prennent leur boulot très au sérieux. À côté des autres éditeurs et de leurs stands sommaires, faits de tréteaux surmontés de petites planches en bois, l’espace Binsfeld était un véritable tape-à-l’œil. Même moi, je voyais les grandes affiches du nouveau livre de cuisine de Max Kuborn de très loin. Mais la thèse des femmes en littérature se confirme : le sujet des rares livres écrits par des hommes se retire dans un domaine pour le moins féminin.
Mais assez rigolé. J’imagine que cela doit être assez éprouvant d’être un écrivain au Luxembourg. On y est toujours comme au sein d’une grande famille trop gâtée, et la seule rébellion à y mener, c’est de mordre la main qui vous nourrit, quelle qu’elle soit.
Walter: Wobei es in dem Klüngel und Gegengeklüngel ja dann doch einen Konsens gibt, nämlich zu behaupten, der Schmerz nach einer bestimmten Art von Bissen könne nur ein Phantomschmerz sein. Man wird ja nicht müde zu wiederholen, dass es in Luxemburg keine Literaturkritik gibt (oder gäbe? Selbst das weiß man nicht so genau.) Was sich „Buchbesprechung“ nennt, ist entweder ein Reklametext oder eine persönliche Vendetta. Freund Oscar hätte sich über eine so punktgenaue Umsetzung seiner kritischen Maxime gefreut: „I never read a book I must review; it prejudices you so.“ Ich habe zum Beispiel auch keines der für den „Buchpräis“ nominierten Bücher gelesen, dafür aber dreimal abgestimmt. Ohnehin besuche ich die Stände mit den Autoren nur, um mir die Bücher signieren zu lassen. „Schreiben Sie aber nur Ihren Namen hinein,“ sage ich dann. Bücher mit Widmungen kann man schließlich nicht weiterverschenken, wenn sie einem nicht gefallen.
Jack : Oui, tu as raison, parce que lire les livres que tu viens de te faire signer, ah ça, je te le déconseille, cher ami, je te déconseille vivement, car dès que tu ouvres la bouche pour en parler, d’habitude le dimanche midi, entouré de tes enfants, de leurs conjoints (que tu n’as jamais pu supporter) et de leur descendance, et si ce n’est que pour meubler ce silence un peu pénible lors du déjeuner, ton petit-fils, qui vient tout juste de commencer ses études de Lettres à Paris, te sort, en guise de réponse, une citation de Kundera : « Le pire ennemi de la critique littéraire, c’est le copinage malsain. » Ça ne sert à rien d’argumenter que, ah non, cet auteur, tu le connais à peine. Tout le monde connaît tout le monde ici, te répond ton petit-fils, ce n’est pas très sérieux cette culture incestueuse. Tout ce qu’il me restait à faire alors, dimanche dernier, pour sauver l’ambiance, c’était de raconter aux femmes de la famille ta constatation qu’il faut être auteure au Luxembourg pour avoir du succès. Mais elles m’ont regardé d’un air vaguement réprobateur, comme si j’avais fait une blague sexiste.
Walter: Natürlich. Wit is usually lost on a woman.
Jack : Tu ne parles qu’à travers des citations d’Oscar Wilde, toi ?
Walter: Ach was. Das habe ich gerade erfunden.
Les deux vieillards ricanent dans un coin de leur estaminet, mais peut-être ne savent-ils pas de quoi ils parlent...