Est paru chez WPR (Waltzing-Parke Records) le nouvel album de David Laborier, Next. David Laborier est un talentueux guitariste de jazz et un compositeur accompli, à n’en pas douter. Figure centrale de l’ONJL (Orchestre National de Jazz Luxembourg) avec Gast Waltzing, il revient en solo avec un sept titres contrasté pour 38 minutes de musique. Avant d’envisager l’écoute du disque, on le prend en main pour étudier l’objet. Sur la pochette, on découvre le musicien en noir et blanc et en gros plan, pensif avec une main sous le menton. Derrière lui de gros pixels gris et bruns. Au verso, toutes les informations, plutôt mal mises en page. Une des premières règles est évidemment de ne pas juger le contenant, mais le contenu. Toutefois, avec tous les talents autochtones qui seraient ravis de travailler sur le design de tels albums pour une bouchée de pain, l’amateurisme qu’on découvre souvent dans l’industrie musicale luxembourgeoise, à un plutôt haut niveau, étonne toujours autant. Ceci étant précisé, c’est la musique qui nous intéresse et connaissant l’artiste, on part plutôt confiant.
Pour l’occasion, David Laborier a fait appel à cinq musiciens, tous sidemen récurrents plutôt demandés dans le milieu. Marc Huynen est à la trompette et au bugle, Pierre Cocq-Amann est aux saxophones (et son nom est mal orthographié sur la pochette), Tim Daemen est au trombone, Sebastian « Schlapbe » Flach est à la section basse et enfin, Niels Engel est à la batterie. Les musiciens ont présenté l’album au public et aux professionnels lors du dernier Luxembourg Jazz Meeting à Neimënster et l’accueil fut plutôt encourageant. L’introduction de l’album, Yes we can, est un sympathique titre, plutôt enjoué en forme d’hommage à Wes Montgomery. D’emblée un solo de guitare assez blues nous explique que l’instrument électronique y sera mis à l’honneur, avis aux amateurs. S’ensuit Step right up et son solo au saxophone du plus bel effet, du côté de la basse et des cuivres, ça groove. The wait is over, plus long morceau du disque, est une ballade plus acoustique où la contrebasse est mise en avant. On pense parfois à la musique d’un film noir, avant qu’une cascade de solos viennent bousculer l’auditeur.
Arrive ensuite Best served cold. La guitare y est ultra-saturée et des boucles électroniques laissent perplexe. Un saxophone planant vient rééquilibrer le tout qui a des airs de musique New-Yorkaise assez prononcée. Évidemment la patte outre-Atlantique du compositeur est présente à tout instant. Mais les poussées à la guitare sont compliquées à défaut d’être complexes. Closeness est plus calme, plus introspectif sans doute. On ressent de la nostalgie heureuse avec les cuivres qui font penser à du Chuck Mangione. Le morceau suivant, Pendulum, démarre par un dialogue accordé entre saxophone et guitare. La basse vibre ou du moins fait vibrer le lecteur CD dans lequel l’album se trouve. De nouveaux effets à l’instrument à cordes font leur apparition, ils complètent une variété de jeux assez touffue tout au long du projet. Un passage tout en tension prouve encore qu’il s’agit peut-être du meilleur titre du disque, bien qu’assez décousu. Sur la conclusion Baked goods, le batteur se réveille ou plutôt se libère enfin pour d’intéressantes propositions.
Next est un projet cohérent, sans surprise, sans prise de risque mais avec une jolie liberté laissée aux musiciens. Les amateurs du genre s’en contenteront, tout en ressentant le manque d’un grain de folie (labojazz.com).