« Des solutions maximalistes », c’est le terme employé par la députée européenne Astrid Lulling (CSV) pour motiver son opposition mercredi à la prolongation du congé de maternité minimum dans l’Union européenne de quatorze à vingt semaines (lire aussi en page 8). Ces dispositions ne sont pas réalistes car elles risquent de grever les budgets nationaux des États membres, dit-elle, c’est la raison pour laquelle elles n’auront aucune chance d’être acceptées par le Conseil. La rapporteure socialiste Edite Estrela a rétorqué « qu’il s’agissait d’un investissement pour notre avenir ». Au Luxembourg, le congé de maternité est actuellement de seize semaines : huit avant et huit après l’accouchement – avec la possibilité de l’étendre de quatre semaines pour les femmes allaitantes. La majorité des députés a voté en faveur du texte, qui a été adopté en première lecture par 410 voix pour, 210 voix contre et 64 abstentions.
Les députés européens luxembourgeois Claude Turmes (Verts), Georges Bach (CSV), Robert Goebbels (LSAP) et Charles Goerens (DP) ont voté en faveur de l’extension du congé de maternité. Seuls Astrid Lulling et Frank Engel (CSV) s’y sont opposés.
Les députés ont aussi approuvé le droit à un congé de paternité payé d’au moins deux semaines. L’argument avancé par les députés opposés à cette mesure n’y a rien fait. Ils ont tenté en vain de faire valoir que le congé de paternité n’avait rien à voir avec la législation traitant de « la santé et la sécurité des femmes enceintes ». L’introduction du congé de paternité dans tous les pays européens pourra avoir un impact considérable sur le choix des pères, répondent les défenseurs de cette idée. Ainsi, il de-viendra normal pour les pères de quitter leur poste pendant deux semaines pour s’occuper de leur enfant. Récemment, le Premier ministre britannique David Cameron en a été d’ailleurs le plus illustre défenseur losrqu’il a pris ses quinze jours après la naissance de sa petite dernière.
Au Luxembourg, les pères ont droit à deux jours de congé payé lors de la naissance de leur enfant. C’est moins que rien, mais un tiers des États-membres prévoit un droit à dix jours de congé de paternité. En Belgique, les pères ont droit à dix jours qu’ils doivent prendre dans le mois qui suit la naissance. Trois jours sont rémunérés en intégralité, le restant des jours sont payés à hau-teur de 82 pour cent maximum de leur rémunération. En France, ce sont onze jours payés à cent pour cent, mais plafonnés à 77,54 euros par jour. Le minimum est fixé à 8,55 euros par jour. L’Espagne prévoit treize jours et le Portugal dix jours à revenu entier. Au Royaume-Uni, les pères peuvent prendre deux semaines et sont payés 117,18 euros par semaine. La Suède compte dix jours après la naissance avec 80 pour cent de la ré-munération plafonnée à un revenu annuel de 43 070 euros. Les pères finlandais ont droit à 18 jours payés jusqu’à 75 pour cent de leur salaire (jusqu’à 49 003 euros par an et 2,5 pour cent s’ils gagnent plus). Au Danemark, deux semaines sont prévues, rémunérées à hauteur de 90 pour cent.
Les jeunes États-membres devancent de loin les dispositions du grand-duché : la Slovénie (90 jours dont quinze à revenu intégral), la Lituanie (jusqu’à un mois dès la naissance à salaire continu), la Lettonie (dix jours payés à cent pour cent), l’Estonie (dix jours avec l’intégralité du revenu moyen calculé sur six mois) et la Bulgarie (quinze jours de congés payés à hauteur de 90 pour cent de la moyenne du revenu).
Les trois députés européens du CSV ont voté contre une extension du congé de paternité, les députés Turmes, Goerens et Goebbels ont voté en faveur du texte.
Contre toutes attentes, le texte a eu un large soutien de la part des députés européens, un support que le Conseil ne pourra balayer aussi facilement que cela.