La tendance en matière de bureautique d’entreprise est clairement de migrer vers le « Cloud », autrement dit de confier l’hébergement des données de l’entreprise à un prestataire qui les stocke sur ses serveurs auxquels on accède par Internet. Alors que les discussions sur l’opportunité d’adopter cette solution ont beaucoup porté, dans un premier temps, sur la sécurité et la confidentialité des données, il apparaît qu’une autre dimension a souvent été sous-estimée : celle de la bande passante requise pour que l’informatique « dans le nuage » fonctionne sans problème.
Première constatation : pour une entreprise, une migration réussie vers le cloud nécessite en général une connectivité Internet différente de celle proposée aux particuliers non seulement en volume, mais aussi en nature. Les particuliers se contentent d’un lien descendant fort assorti d’un lien montant faible, configuration qui ne convient pas aux besoins des entreprises qui doivent pouvoir émettre autant et aussi vite qu’elles reçoivent.
Autre problématique à surmonter : une fois la décision de migrer vers le cloud prise, la plupart du temps en fonction des économies de coût qui en résultent grâce notamment à une gestion externalisée des serveurs et back-ups, les responsables informatiques vont devoir quelque peu réviser leur approche en matière de bande passante. Dans le modèle classique, pour une entreprise typique dont les besoins de connectivité se limitent à l’envoi et à la réception d’e-mails, dont certains accompagnés de pièces jointes, et à la consultation occasionnelle de sites web, la bande passante pouvait être considérée comme une ressource qu’il pouvait paraître légitime de rationner pour des raisons de coût. Sur le cloud, cette approche peut se révéler dévastatrice.
Il faut dire qu’il ne s’agit pas là seulement d’une problématique liée au cloud. Pour un employeur, il est de plus en plus difficile d’expliquer à ses salariés qu’ils ne vont pas pouvoir visionner sur leur lieu de travail tel clip YouTube qui fait le buzz, alors que leur accès à Internet privé leur permet de le faire chez eux sans se poser de questions. Mais pour une entreprise qui a fait le choix du cloud, restreindre ainsi de manière drastique la bande passante devient tout simplement anachronique et contre-productif. Les solutions cloud proposent aussi souvent des applications de communication audio ou vidéo, ou encore de partage d’écran, pour lesquelles la bande passante, tant en matière de débit que de rapidité, est vitale. Autrement dit, mettre de telles applications en service alors que les connexions restent chétives revient à se tirer une balle dans le pied car même la messagerie en souffrira. Si parmi les gains que se promet l’entreprise des services liés au cloud figure la téléphonie par Internet, voire la vidéoconférence, la rapidité de la connexion est évidemment essentielle, sous peine d’aboutir à un son haché et à une image figée ou brouillée, autant d’expériences frustrantes et décourageantes pour les utilisateurs.
Pour autant, il ne s’agit pas nécessairement de se précipiter sur la solution offrant le plus grand débit et la plus grande rapidité. Comment évaluer les besoins qui vont s’additionner lors des pics d’activité ? Peut-on se contenter de 100 kbits par seconde et par utilisateur, la quantité de bande passante généralement indiquée pour les besoins de base (courriel, collaboration en ligne) ? Sans doute pas si l’on veut garder la porte ouverte à des applications plus évoluées. Naturellement, les responsables réseaux se mettent donc à la recherche de solutions intelligentes qui affectent la bande passante disponible aux applications critiques tout en bloquant ou en ralentissant le streaming. De tels aménagements existent, même s’ils sont relativement difficiles à ajuster et nécessitent des mesures fastidieuses de la bande passante effectivement utilisée aux différentes heures de la journée. Une autre solution consiste, pour des entreprises d’une certaine taille, à affecter des connexions distinctes aux différents types d’applications, une façon de s’assurer que les services cruciaux comme la messagerie fonctionnera en toute circonstance, sans être impacté par exemple par la téléphonie sur Internet (VoIP).