Il a changé, mais pas tant que ça : il a gardé son âme. Ceux qui aiment les endroits cosy le connaissent, ils y vont pour prendre un café, pour goûter le gâteau aux carottes, lire un livre ou encore pour travailler. Konrad, situé rue du Nord dans la vieille ville est un endroit pas comme les autres, grâce à ses propriétaires, Paul Killeen et Ture Hedberg, qui viennent d’un Nord plus lointain : Ture est Suédois et Paul Irlandais. Ils se sont rencontrés au Luxembourg, à l’Urban, un bar d’à côté. C’est là que Paul travaillait lorsque Ture avait déjà sa boutique de mode scandinave, Nude, dans le même local.
À 30 ans, Paul a un sacré bagage. Après avoir quitté l’Irlande pour aller vivre en Espagne puis en Israël, il est venu au Luxembourg d’abord pour visiter son frère puis il s’y est installé. Des boulots dans des bars et restos lui ont permis d’économiser de l’argent pour ensuite repartir vers l’Inde et l’Asie du Sud-Est. Aujourd’hui il a l’impression de faire ce qu’il a envie de faire : « Je fais ce en quoi je crois, je vends des produits de qualité, un service de qualité ».
Ture, lui s’est retrouvé au Luxembourg presque par accident. C’était en 1992, il voulait quitter la Suède pour aller à Paris en stop. Mais, « la voiture m’a déposée au Luxembourg, j’ai rencontré des gens et je suis resté, » se rappelle-t-il. Depuis, même s’il le quitta encore une fois pour trois ans de séjour en Espagne et au Danemark, il apprécie fortement ce pays où il ne ressent pas « de culture dominante » mais au contraire beaucoup d’ouverture et d’acceptation.
Leurs bagages se complétaient à merveille : dans les années 1990, Ture était le propriétaire du Playground, un bar dans la vieille ville, avant de se lancer dans le monde des fringues ; Paul avait l’expérience d’un magasin bio. C’était lorsqu’il vivait à Edinburgh, en Écosse qu’il travaillait dans ce « local qui servait des produits frais, bio ». C’était ce concept qu’il voulait amener au Luxem[-]bourg : « Nous vendons autant que possible des produits biologiques, des produits luxembourgeois, mais ça dépend de la saison, » souligne-t-il. Et d’ajouter que le souci d’un bon café y est cultivé, des formations leurs étant données de leur fournisseur, Knoppes. Leur complémentarité se trouvait également au niveau des idées, Ture cherchant à intégrer un café dans sa boutique. Du coup, le match était fait et depuis un an et demi, Konrad est apprécié autant par sa clientèle luxembourgeoise –Paul l’estime à 75 pour cent – que par sa clientèle d’expatriés.
Mais aujourd’hui, Konrad connaît un tournant dans sa jeune vie. Après une fermeture de trois semaines en septembre, on le retrouve rajeuni. Dorénavant, Konrad sera ouvert le soir, voire la nuit. Avec des DJ sets les fins de semaine, de la stand-up comedy une fois par mois, des concerts, des quizz, Ture et Paul comptent bousculer la vie nocturne luxembourgeoise. À côté de la programmation, c’est surtout l’endroit qui attire. Il faut l’admettre, c’est un coup de cœur. Avec leur mobilier de marque scandinave soigneusement choisi par Ture, mélangé à des canapés second hand, le papier peint style grand-mère aux fleurs roses et une déco minimaliste et surtout la cave voûtée, c’est un lieu rare au Luxembourg. « Moi, j’aime le mélange, l’esprit non conformiste, affirme Ture. « Souvent, les bars et les restaurants maximisent trop leur espace, ils le chargent trop, nous, on préfère la version simple et minimaliste. » Si Konrad rez-de-chaussée n’a pas trop changé, la nouveauté c’est Konrad sous-sol. C’est là qu’on trouve dorénavant le bar. Si « ça prendra du temps » jusqu’à ce qu’il y aura une clientèle régulière, Paul et Ture sont optimistes. Ils estiment en effet avoir trouvé une niche. Après avoir, dans les années 1990 géré un bar « avec beaucoup de bruit », à 42 ans, Ture juge qu’il a – et peut-être d’autres aussi, cela étant l’hypothèse – besoin d’un endroit calme et non-fumeur pour passer les soirées douces.
Pourquoi ce changement ? Bien que « la boutique n’a jamais trop bien marché », ce n’est pas la raison. C’est que Paul et Ture se réjouissent de ce changement : « après sept ans dans la boutique, le changement me fait du bien » avance Ture. Et Paul d’ajouter que « j’ai toujours aimé les projets, j’ai toujours fait des projets ». L’endroit, qui peut également être mis à disposition pour des soirées privées, va être inauguré lors d’une opening party vendredi 4 novembre. Tout le monde est le bienvenu, Paul et Ture soulignent qu’ils ne cherchent pas à attirer une clientèle spécifique mais à satisfaire les besoins de qualité de chacun.