Le nouveau spectacle-cabaret de la troupe Cabarenert, Luxileaks,ne laisse aucun répit à nos politiciens nationaux, pas de pitié non plus pour les têtes d’affiche de l’actualité internationale. La troupe s’est transformée pour l’occasion en bande d’agents secrets qui scrutent les moindres faits et gestes des personnalités politiques et des people du Luxembourg et du monde. Depuis leur QG secret dans les Casemates, l’équipe des Luxileaks espionne, décortique et élucide les énigmes et rumeurs qui devaient rester top secrètes. Ils parodient l’actualité avec un humour tranchant, parfois mesquin, souvent potache. Les auteurs ne reculent devant aucun tabou et osent, avec finesse, se moquer des derniers scandales politiques : du SREL, en passant par l’inévitable affaire du Bommeleeër, jusqu’aux frasques de nos « stars », rien n’échappe à leur poste de surveillance.
Dans une série de petits sketchs qui s’enchaînent, Monique Melsen, Marcel Heintz, Karin Seywert et Al Ginter se transforment tantôt en ministre surmené, tantôt en député désillusionné. Ils parodient la famille grand-ducale, chantent et dansent sur « l’hymne du Srel » et remplissent, comme ils le disent eux-mêmes, la mission des cabarettistes en dénonçant ouvertement les scandales et les non-dits du monde politique. Parodier un Premier ministre qui danse et qui chante en bleu de travail ou encore imaginer un vernissage avec les anciens du gouvernement, il fallait y penser. Le Cabarenert ose dire tout haut ce que l’opinion publique pense tout bas.
Hautement politique, parfois très cru et pointu, ce cabaret soulève les questions qui ont remué l’opinion publique ces derniers temps : les élections anticipées étaient-elles justifiées ? Le résultat électoral reflète-t-il vraiment l’opinion du peuple ? Doit-on se méfier des méthodes de surveillance comme le Srel, WikiLeaks et autres ? Et si les nouvelles technologies et les réseaux sociaux devenaient les principales plateformes pour les débats politiques ?
Loin d’être un cabaret qui se contente d’une bonne écriture, le Cabarenert est vivant, plein d’énergie et joyeux. Les acteurs – avant tout Monique Melsen – maitrisent parfaitement les mimiques et gestuelles de leurs victimes et démontrent un indéniable talent d’humoristes. Accompagnés au clavier de musiques subtilement choisies, les sketches sont maîtrisés et magistralement interprétés. De petites lacunes en politique n’empêcheront pas de rire des personnages caricaturés. Le spectacle est audacieux et l’humour détonnant, mais jamais de mauvais goût. Un franc succès si on en croit les rires et applaudissements qui retentissent dans la salle. Une prise de show business, un soupçon de faits divers, un zeste de politique, le tout agrémenté d’une bonne dose d’humour ; c’est ce qui fait du dernier Cabarenert un véritable bouillon de culture très réussi.