D’amour et d’acier est un roman historique. Comme toujours dans ce genre d’ouvrages, s’entremêlent réalité et fiction. Dans le cas présent, c’est sans conteste la fiction qui prend le dessus. Le titre, quelque peu malencontreusement choisi rappelle, par une association d’idées incontrôlables, celui du soap opera Amour, Gloire et Beauté. Il faut dire que les relations intra- et extraconjugales font l’action, sur arrière-plan de Brésil et de mines de fer. Premier objectif raté donc, car on devine aisément que le roman aurait voulu s’inscrire dans la lignée d’autres romans historiques tels La Bicyclette bleue, voire même Autant en emporte le vent. Mais il faut également souligner que l’auteur du roman, Marc André Meyers, quoiqu’ayant déjà publié poésie et prose, est scientifique de formation, comme l’était son père, ingénieur pour la Belgo-Mineira.
Cette saga-ci s’écoule lentement sur 59 années, de 1894 à 1953. Sur fond de Première Guerre mondiale, de Grande Dépression et de Deuxième Guerre mondiale. Et d’essor économique du Grand-Duché via le développement de l’Arbed et sa politique d’expansion au Brésil avec la fondation de la Companhia Siderúrgica Belgo-Mineira. Dont le premier directeur général fut Louis Jacques Ensch. Incarné par le héros du roman, renommé Jacques Esch. Lequel apparaît comme un condensé de qualités humaines : grandeur d’âme, intelligence, bonne éducation, respect des autres quelles que soient leurs origines sociales, visionnarisme, bonne formation, fidélité, etc. Il en est presque étonnant que D’amour et d’acier n’ait pas été encore estampillé nation branding.
Le héros, quoique physiquement non séduisant, a tout pour plaire. Fils illégitime d’un aristocrate, il est promu, non sans un bon coup de pouce, à la tête de la première entreprise métallurgique du Brésil. Qu’il n’a de cesse de faire évoluer. Parallèlement, il cultive les autochtones, fait des paysans des métallurgistes et augmente leur niveau de vie. Ne manque plus qu’une femme aux côtés de ce bienfaiteur. Il lui faut attendre d’atteindre ses cinquante ans pour qu’il la rencontre : une Brésilienne, mariée et auto-entrepreneure dans la prostitution. Et miracle, sa vie devient conte de fée. Mais même dans ce genre de prose, la fin peut être « tragique » ; Jacques Esch se tire un coup fatal droit dans le cœur, d’ailleurs en plein infarctus, ne supportant pas d’être désavoué par la direction de l’Arbed. L’herbe serait-elle plus verte au Brésil qu’au Luxembourg ? Le sol est en tout cas plus déforesté. Mais l’écologie est mineure par rapport à l’économie. Passons donc sous silence les désastres infligés à la nature pour pouvoir alimenter les mines. Et si l’Arbed n’est plus, réjouissons-nous que la Spuerkess en ait racheté le palais pour qu’il retrouve le faste d’antan.